desquelles il se trouva dans un
etroit souterrain plonge dans une obscurite complete, et si bas qu'il
fut force de se courber. A tatons, toujours, il fit une vingtaine de
pas, assez surpris de n'etre pas poursuivi, A ce moment, il entendit
derriere lui un bruit assez semblable au grincement d'une grille poussee
violemment. Il se retourna, et ses bras tendus heurterent en effet, une
grille qui venait de se fermer sur lui.
"Une herse, murmura Pardaillan. On ne veut pas me poursuivre... mais on
ne veut pas non plus que je revienne sur mes pas."
La situation du chevalier, traque dans les couloirs du haut, etait
brillante comparee a celle dans laquelle il se trouvait maintenant. En
haut, il pouvait aller et venir, en se tenant droit, dans des couloirs
spacieux, il y voyait suffisamment pour se diriger, et il respirait
un air qui sentait bien un peu le moisi, a la verite, mais qui, somme
toute, etait encore respirable. Ici, les choses changeaient d'aspect.
Plus de dalles propres et luisantes d'abord. Un sol fangeux et gluant,
seme de flaques dans lesquelles il s'enfoncait jusqu'a la cheville. Ici,
plonge dans des tenebres epaisses, il etait oblige d'aller a tatons et
de se tenir courbe en deux. A chaque instant, il sentait le repugnant
contact d'animaux immondes, qui fuyaient sous ses pas.
Pour comble d'infortune, son estomac hurlait la faim, et la fatigue
de ces interminables marches et contre-marches commencait a se faire
cruellement sentir, et cependant il ne voulait pas s'arreter.
Tout lui semblait preferable a ce frisson qui s'emparait de lui des
qu'il sejournait.
De l'angoisse, il passait maintenant a la fureur.
Il etait furieux contre Espinosa qui manquait odieusement a sa parole
et lui infligeait ce singulier supplice d'une chasse abominable ou il
jouait le role du gibier aux abois. Et cela seul lui faisait presumer ce
qui l'attendait dans la salle des tortures, terme mortel de cette course
affolante ou tout se terminerait pour lui dans les raffinements de
quelque supplice monstrueux.
Il etait furieux contre Fausta. cause initiale de tout ce qui lui
advenait. Enfin, il etait furieux contre lui-meme, se reprochant
amerement son manque de resolution, exaspere a tel point que, pour un
peu, il se fut accuse de couardise, cherchant, tres sincerement, a se
persuader qu'il aurait du foncer sur les hommes d'armes et que tout,
meme la mort, etait preferable a sa situation presente et surtout a ce
danger incon
|