uitte Espinosa, se trouva de nouveau
dans le couloir, il se secoua et, avec un soupir de soulagement:
"Ouf! Me voila enfin sorti de ce cabinet savamment machine, certes, mais
qui manquait vraiment trop de securite avec ses chausse-trapes et ses
planchers a bascule... Ici, du moins, je sais ou je pose le pied."
Et, de son coup d'oeil si prompt et si sur, etudiant le terrain autour
de lui:
--Hum! C'est bientot dit! Qui me prouve que ce couloir n'est pas machine
comme le cabinet d'ou je sors? De quel cote aller?
--De quel cote sortir? A droite ou a gauche?... Ce brave monsieur
Espinosa aurait bien pu me renseigner... Si je retournais lui demander
mon chemin?
Pardaillan esquissa un geste pour rouvrir la porte. Mais il reflechit:
"Ouais! Ne vais-je pas me remettre benevolement dans la gueule du
loup?... Pourquoi souriait-il de si etrange facon quand je l'ai
quitte?... Je n'aime pas beaucoup ce sourire-la... Peut-etre serait-il
prudent de ne pas trop se fier a la bonne foi de ce pretre... Voyons!
je suis venu par la droite, continuons par la gauche... Que diable!
j'arriverai toujours quelque part!"
Ayant ainsi decide, il se mit resolument en route, aux aguets, la main
sur la garde de l'epee bien degagee, prete a jaillir du fourreau a la
moindre alerte.
Le corridor dans lequel il se trouvait etait tres large. C'etait comme
une artere centrale a laquelle venaient aboutir une multitude de voies
transversales plus etroites. Quelques rares fenetres jetaient, par-ci
par-la, une nappe de lumiere tamisee par les vitraux multicolores, en
sorte que ces couloirs etaient, dans leur plus grande etendue, plutot
sombres ou meme completement obscurs.
Au bout d'une cinquantaine de pas, le couloir central tournait
brusquement a gauche. Pardaillan avait franchi la plus grande partie de
la distance sans encombre, lorsqu'en approchant du tournant il entendit
le bruit d'une troupe nombreuse en marche.
Par malchance, juste a cet endroit, se trouvait une fenetre. Impossible
de passer inapercu. Il s'arreta.
Au meme instant, un commandement bref se fit entendre:
--Halte!
Un silence de quelques secondes. Suivi du bruit des armes posees a
terre, un brouhaha de conversations bruyantes, des allees et venues, les
differents bruits particuliers a une troupe qui s'installe.
"Diable! pensa Pardaillan, ils vont camper ici?"
Il reflechit un instant, puis eut un de ces gestes resolus qu'il avait
dans les circonstances graves et
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