ait, Pardaillan
chercha d'ou venaient ces lumieres.
Il vit qu'un petit judas ouvert etait amenage dans l'interieur de sa
boite, a hauteur du visage.
"Monsieur d'Espinosa veut que je voie et que j'entende... Soit,
regardons et ecoutons."
Et Pardaillan regarda. Et voici ce qu'il vit:
L'interieur desert de la chapelle. Le choeur brillamment eclaire. Au
milieu de l'allee centrale un catafalque autour duquel brulaient huit
cierges.
Avec cette intuition qui lui etait particuliere, Pardaillan devina que
ce catafalque lui etait destine et qu'on allait porter la son cercueil.
Quatre moines tailles en athletes surgirent de l'ombre et s'approcherent
du cercueil. Et voici ce que Pardaillan entendit:
--On va donc celebrer l'office des morts?
--Oui, mon frere.
--Pour qui?
--Pour celui qui est dans le cercueil.
--L'homme qui a passe par la chambre de torture?
--La chambre de torture, vous le savez, mon frere, n'est qu'un
epouvantail destine a attirer le condamne dans le caveau des morts
vivants.
Au meme instant une cloche se mit a sonner le glas. La porte de la
chapelle du roi s'ouvrit a deux battants, et une longue theorie de
moines, recouverts de cagoules blanches, cierges en main, entra, et,
d'un pas lent et solennel, vint se ranger devant l'autel. Puis le
bourreau, seul, tout rouge, qui vint se placer devant le catafalque.
Derriere le bourreau, des moines encore, recouverts de cagoules de
toutes les couleurs, qui vinrent se ranger autour du catafalque jusqu'a
ce que la petite chapelle fut pleine. Un pretre, revetu des habits
sacerdotaux de deuil, monta a l'autel, flanque de ses desservants et de
ses enfants de choeur.
Les mugissements de l'orgue se dechainerent, se repandirent en volutes
sonores sous les voutes de la royale chapelle qu'ils emplirent d'une
musique tour a tour plaintive et menacante.
Alors, les moines rassembles la, en un choeur formidable, entonnerent le
_de Profondis_.
Et l'office des morts commenca. Pardaillan, fou d'horreur, glace
d'epouvante, secoue du frisson mortel, Pardaillan, vivant, dut assister
a son propre office des morts.
Il se raidit, se debattit, hurla, frappa des pieds et des poings les
parois de son etroite prison.
Mais les sons de l'orgue couvrirent ses appels desesperes. Mais,
lorsqu'il frappait plus fort, les moines, impassibles, mugissaient:
"_Miserere nobis... Dies irae! Dies illa!_"
Et, quand cet interminable office prit fin, les moines se ret
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