i repondit que les
armemens qui avaient ete faits n'avaient pour but que de maintenir la
subordination dans les etats de la republique; que, si des assassinats
avaient ete commis, c'etait un malheur involontaire qui serait repare.
Junot ne voulait pas se payer de vaines paroles, et menacait de
faire afficher la declaration de guerre si on n'elargissait pas les
prisonniers d'etat et les Polonais, si on ne donnait pas l'ordre de
desarmer les montagnards et de poursuivre les auteurs de tous les
assassinats. Cependant on parvint a le calmer, et il fut arrete avec
lui et le ministre francais Lallemant qu'on allait ecrire au general
Bonaparte, et lui envoyer deux deputes pour convenir des satisfactions
qu'il avait a exiger. Les deux deputes choisis furent Francois Donat et
Leonard Justiniani.
Mais, pendant ce temps, l'agitation continuait dans les etats venitiens.
Les villes etaient toujours en hostilite avec la population des
campagnes et des montagnes. Les agens du parti aristocratique et monacal
repandaient les bruits les plus faux sur le sort de l'armee francaise en
Autriche. Ils pretendaient qu'elle avait ete enveloppee et detruite, et
ils s'appuyaient sur deux faits pour autoriser leurs fausses nouvelles.
Bonaparte, en attirant a lui les deux corps de Joubert et de Bernadotte,
qu'il avait fait passer, l'un par le Tyrol, l'autre par la Carniole,
avait decouvert ses ailes. Joubert avait battu et rejete Kerpen au-dela
des Alpes, mais il avait laisse Laudon dans une partie du Tyrol, d'ou
celui-ci avait bientot reparu, soulevant toute la population fidele
de ces montagnes, et descendant l'Adige pour se porter sur Verone. Le
general Servier, laisse avec douze cents hommes a la garde du Tyrol,
se retirait pied a pied sur Verone, pour venir se refugier aupres des
troupes francaises laissees dans la Haute-Italie. En meme temps un corps
de meme force, laisse dans la Carniole, se retirait devant les Croates,
insurges comme les Tyroliens, et se repliait sur Palma-Nova. C'etaient
la des faits insignifians, et le ministre de France, Lallemant,
s'efforcait de demontrer au gouvernement de Venise leur peu
d'importance, pour lui epargner de nouvelles imprudences; mais tous ses
raisonnemens etaient inutiles; et tandis que Bonaparte obligeait
les plenipotentiaires autrichiens a venir traiter au milieu de son
quartier-general, on repandait dans les etats de Venise qu'il etait
battu, deborde, et qu'il allait perir dans sa folle entreprise.
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