ravier, il avait enfin aborde la
rive opposee; il etait reste la pendant vingt-quatre heures, expose
a etre jete dans le Rhin, et oblige de lutter contre toute l'armee
autrichienne pour se maintenir dans des taillis, des marecages, en
attendant que le pont fut jete sur le fleuve. Enfin le passage s'etait
opere; on avait poursuivi les Autrichiens dans les Montagnes-Noires,
et on s'etait empare d'une partie de leurs administrations. Ici encore
l'armee fut arretee au milieu de ses succes par le courrier parti
de Leoben, et on dut regretter que les faux avis donnes a Bonaparte
l'eussent engage a signer si tot.
Les courriers arriverent ensuite a Paris, ou ils causerent une grande
joie a ceux qui souhaitaient la paix, mais non au directoire, qui
jugeant notre situation formidable, voyait avec peine qu'on n'en eut pas
tire un parti plus avantageux. Larevelliere et Rewbell desiraient en
philosophes l'affranchissement entier de l'Italie; Barras souhaitait,
en fougueux revolutionnaire, que la republique humiliat les puissances;
Carnot, qui affectait la moderation depuis quelque temps, qui appuyait
assez generalement les voeux de l'opposition, approuvait la paix, et
pretendait que, pour l'obtenir durable, il ne fallait pas trop humilier
l'empereur. Il y eut de vives discussions au directoire sur les
preliminaires; cependant, pour ne pas trop indisposer l'opinion, et
ne point paraitre desirer une guerre eternelle, il fut decide qu'on
approuverait les bases posees a Leoben.
Tandis que ces choses se passaient sur le Rhin et en France, des
evenemens importans eclataient en Italie. On a vu que Bonaparte, averti
des troubles qui agitaient les etats venitiens, du soulevement des
montagnards contre les villes, de l'echec des Brescians devant Salo, de
la capture de deux cents Polonais, de l'assassinat d'une grande quantite
de Francais, de l'emprisonnement de tous leurs partisans, avait ecrit de
Leoben une lettre foudroyante au senat de Venise. Il avait charge son
aide-de-camp Junot de la lire lui-meme au senat, de demander ensuite
l'elargissement de tous les prisonniers, la recherche et l'extradition
des assassins, et il lui avait prescrit de sortir de suite de Venise, en
faisant afficher une declaration de guerre, si une pleine satisfaction
n'etait accordee. Junot fut presente au senat le 26 germinal (15 avril).
Il lut la lettre menacante de son general, et se comporta avec toute la
rudesse d'un soldat, et d'un soldat victorieux. On lu
|