sa que des detachemens aux portes, et signifia
qu'au premier acte de violence, il foudroyerait la ville. Mais vers le
milieu du jour, des coups de sifflet furent entendus dans les rues;
on se precipita sur les Francais, des bandes armees assaillirent les
detachemens laisses a la garde des portes, et massacrerent ceux qui
n'eurent pas le temps de rejoindre les forts. De feroces assassins
couraient sur les Francais desarmes que leurs fonctions retenaient
dans Verone, les poignardaient et les jetaient dans l'Adige. Ils ne
respectaient pas meme les hopitaux, et se souillerent du sang d'une
partie des malades. Cependant tous ceux qui pouvaient s'echapper, et
qui n'avaient pas le temps de courir vers les forts, se jetaient dans
l'hotel du gouvernement, ou les autorites venitiennes leur donnerent
asile, pour que le massacre ne parut pas leur ouvrage. Deja plus
de quatre cents malheureux avaient peri, et la garnison francaise
fremissait de rage en voyant les Francais egorges et leurs cadavres
flottant au loin sur l'Adige. Le general Balland ordonna aussitot le
feu, et couvrit la ville de boulets. Il pouvait la mettre en cendres.
Mais si les montagnards qui avaient deborde s'en inquietaient peu, les
habitans et les magistrats venitiens effrayes voulurent parlementer pour
sauver leur ville. Ils envoyerent un parlementaire au general Balland
pour s'entendre avec lui et arreter le desastre. Le general Balland
consentit a entendre les pourparlers, afin de sauver les malheureux
qui s'etaient refugies au palais du gouvernement, et sur lesquels on
menacait de venger tout le mal fait a la ville. Il y avait la des
femmes, des enfans appartenant aux employes des administrations, des
malades echappes aux hopitaux, et il importait de les tirer du peril.
Balland demandait qu'on les lui livrat sur-le-champ, qu'on fit sortir
les montagnards et les regimens esclavons, qu'on desarmat la populace,
et qu'on lui donnat des otages pris dans les magistrats venitiens pour
garans de la soumission de la ville. Les parlementaires demandaient
qu'un officier vint traiter au palais du gouvernement. Le brave chef de
brigade Beaupoil eut le courage d'accepter cette mission. Il traversa
les flots d'une populace furieuse, qui voulait le mettre en pieces, et
parvint enfin aupres des autorites venitiennes. Toute la nuit se passa
en vaines discussions avec le provediteur et le podestat, sans pouvoir
s'entendre. On ne voulait pas desarmer, on ne voulait pas donner
d
|