cher d'aller
aussi vite que le permettrait la fatigue, de ses chevaux.
Le general adressa une foule de questions a sa niece et aux enfants, et
decouvrit, malgre l'intention visible de sa niece de le lui dissimuler,
qu'ils etaient pauvres, et que c'etait par necessite qu'ils vivaient
toujours a la campagne, aussi retires que le permettait leur nombreux
voisinage.
"Nous arrivons, dit le general; voici mon Gromiline; c'est la que je
vous ai vus pour la derniere fois."
Madame Dabrovine: "Et. c'est la que j'ai ete longtemps heureuse pres de
vous avec mon pauvre Dmitri, mon cher oncle."
Le general: "Et c'est la, je l'espere, mon enfant, que tu vivras
desormais; tu y seras comme chez toi, et je veux que tu y jouisses de la
meme autorite que moi-meme."
Madame Dabrovine: "Je n'abuserai pas de votre permission, mon bon
oncle!"
Le general: "J'en suis bien sur, et c'est pourquoi je te la donne; mais
tu en useras, je le veux. Ah! pas de replique! Tu te souviens que je
suis mechant quand on me resiste."
Mme Dabrovine se pencha en souriant vers son oncle et lui baisa la main.
Les yeux de Natasha brillerent. Sa mere avait encore souri.
IX
TRIOMPHE DU GENERAL
La voiture approchait du perron; des domestiques accouraient de tous
cotes; Mme Papofski, que ses enfants avaient avertie de l'approche d'une
visite, s'etait postee sur le perron pour voir descendre les invites du
general.
"Enfin! se disait-elle, voici quelqu'un! Je ne serai plus toujours seule
avec ce mechant vieux qui m'ennuie a mourir."
Elle ne put retenir un cri de surprise en voyant le general sortir de
cette vieille berline; sa corpulence remplissait la portiere et masquait
les personnes que contenait la voiture.
"Comment mon oncle, vous la-dedans?
--Oui, Maria Petrovna, c'est moi, dit le general en s'arretant sur le
marchepied et en continuant a masquer son autre niece aux regards avides
de Mme Papofski. Je vous amene du monde: devinez qui.
Madame Papofski: Comment puis-je deviner, mon oncle? Je ne connais aucun
de vos voisins; vous n'avez jamais invite personne.
Le general: Ce ne sont pas des voisins, ce sont des amis que je vous
amene, d'anciens amis; car vous n'etes pas jeune, Maria Petrovna."
Mme Papofski rougit beaucoup et voulut repondre, mais elle se mordit les
levres, se tut et attendit.
"Voila! dit le general apres l'avoir contemplee un instant avec un
sourire de triomphe. Voila vos amis!"
Il descendit, se tourna vers l
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