r plus que
ce que peut leur enseigner une femme, quelque instruite qu'elle soit. Et
alors..."
Le general: "Alors quoi? Voulez-vous etre leur gouverneur. Je ne demande
pas mieux."
Derigny, riant: "Moi, mon general? Mais je ne sais rien de ce que doit
savoir un jeune homme de grande famille!... Non, ce n'est pas ce que je
veux dire. Je voudrais que vous eussiez la pensee de les garder tous
chez vous, de payer un gouverneur et toute leur depense: vous auriez la
famille qui vous manque, et eux trouveraient le pere et le protecteur
qu'ils n'ont plus."
Le general: "Bien pense, bien dit! Trouvez-moi un gouverneur, et le plus
tot possible."
Derigny, stupefait: "Moi, mon general? comment puis-je...?"
Le general: "Vous pouvez, mon ami, vous pouvez ce que vous voulez.
Cherchez, cherchez. Adieu, bonsoir; je me couche et je m'endors
content."
Derigny rentra chez lui; les enfants dormaient, sa femme l'attendait.
"Une jolie commission dont je suis charge par le general! dit Derigny en
riant. Il faut que je me mette en campagne des demain pour trouver un
gouverneur aux jeunes Dabrovine."
Madame Derigny: "Et ou trouveras-tu le gouverneur? Comme c'est facile
dans le centre de la Russie! Tu ne connais personne. Ce n'est pas
Vassili qui te fournira des renseignements. Vraiment, notre bon general
est par trop bizarre. Comment feras-tu?"
Derigny: "Je ne ferai rien du tout. J'espere qu'il n'y pensera plus.
Mais je regrette de ne pas pouvoir rendre service a Mme Dabrovine, qui
me semble etre une excellente personne et ne ressemblant en rien a sa
soeur."
Madame Derigny: "De meme que ses enfants ne ressemblent en rien a leurs
cousins, Mlle Natasha est une personne charmante, pleine de coeur et de
naivete, et les garcons paraissent bons et bien eleves."
Mme Derigny et son mari causerent quelque temps, et ils allerent se
coucher apres avoir parle de leur chere France et de ce qu'ils y avaient
laisse.
XI
LE GOUVERNEUR TROUVE
Quelques jours se passerent sans nouveaux evenements. Mme Papofski
contenait les elans de sa colere quand elle etait en presence de son
oncle, qu'elle continuait a flatter sans succes; elle evitait sa soeur;
ses enfants fuyaient leurs cousins, qui faisaient bande a part avec
Jacques et Paul. Mme Papofski ne negligeait aucun moyen pour se faire
bien venir de Derigny; elle sut par lui que le general avait dechire sa
liste de commandes.
Madame Papofski: "Vous l'avez fait voir a mon oncle?"
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