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comme nous."
Natasha: "Vrai, vous etes content?... Oh! mon oncle, que vous etes
bon!"Natasha demanda la permission d'aller annoncer la bonne nouvelle
aux Derigny. Le general la lui accorda en riant plus fort, et en
recommandant le secret jusqu'au lendemain.
XIII
PREMIER PAS VERS LA LIBERTE
Le lendemain, un peu avant dejeuner, le general appela Mme Papofski dans
le salon; elle arriva, inquiete de la convocation, et trouva son oncle
assis dans son fauteuil; il lui fit un salut majestueux de la main.
"Asseyez-vous, Maria Petrovna, et ecoutez-moi. Vous etes venue a
Gromiline pour vous faire donner une partie de ma fortune; vous avez
feint la pauvrete, tandis que je vous sais riche. Silence, je vous prie;
n'interrompez pas. Je ne tiens pas a ma fortune; je vous fais volontiers
l'abandon de Gromiline et des biens que vous convoitez et que je possede
en Russie. Au lieu de vous en laisser la gestion pendant mon absence, je
vous les donne et je ne garde que mes capitaux pour vivre dans l'aisance
avec votre soeur et ses enfants que vous detestez, que j'aime et qui ne
songent pas, en m'aimant, aux avantages que je peux leur faire... La
sante de votre soeur exige un prompt depart; je l'ai fixe au 1er mai,
dans huit jours. La veille, je vous remettrai les papiers et les comptes
dont vous aurez besoin pour que tout soit en regle. J'emmene tous
ceux que j'aime; je vous laisse tous mes gens. Je vous defends de les
maltraiter, et j'ai fait un acte qui arretera les explosions de vos
coleres et de votre mechancete. Ne vous contraignez pas; ne dissimulez
plus; je vous connais; je devine ce que vous pensez, ce que vous croyez
me cacher. Laissez-vous aller a votre joie, et surtout pas de phrases
menteuses."
Mme Papofski avait voulu bien des fois interrompre son oncle, mais un
geste impetueux, un regard foudroyant, arretaient les paroles pretes a
s'echapper de ses levres, tremblantes de colere et de joie. Ces deux
sentiments se combattaient et rendaient sa physionomie effrayante. Quand
le general cessa de parler, il la regarda quelque temps avec un mepris
melange de pitie. Voyant qu'elle se taisait, il se leva et voulut
sortir.
"Mon oncle", dit-elle d'une voix etranglee.
Le general s'arreta et se retourna.
"Mon oncle, je ne sais... comment vous remercier..."
Le general ouvrit la porte, sortit et la referma avec violence. Il
passa dans la salle a manger, ou l'attendaient, d'apres ses ordres, Mme
Dabrovine, ses enfa
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