ais; quant au polonais, il s'en cachait
soigneusement.
Mme Dabrovine et le general etaient enchantes; Natasha etait dans
l'admiration et la temoignait en toute occasion. M. Jackson etait fort
content de ses eleves, parmi lesquels s'etait imposee Natasha pour la
musique, le dessin et les langues etrangeres. Les lecons se donnaient
dans le joli salon, a la demande du general, qui s'en amusait et s'y
interessait beaucoup. Jacques avait ete invite, a sa grande joie, a
prendre part a l'education soignee que recevaient les jeunes Dabrovine;
le general avait raconte tous les details de la vie de Jacques et de
Paul, et on les aimait beaucoup dans la famille Dabrovine. Ce cote
du chateau vivait donc heureux et tranquille; l'hiver s'avancait; le
general vendait a l'insu de la Papofski ses terres et ses maisons, et
faisait de bons placements en Angleterre; un jour, enfin, il recut, d'un
general aide de camp de l'empereur, une proposition pour Gromiline; il
en offrait cinq millions payes comptant. Le general Dourakine accepta, a
condition qu'il n'en dirait mot a personne, meme apres l'achat, jusqu'au
1er juin, et qu'il viendrait lui-meme ce jour-la prendre possession du
chateau et en chasser la famille Papofski qui y etait installee. Les
conditions furent acceptees; la vente fut terminee, l'argent paye et
envoye a Londres; Mme Papofski ne savait rien de toutes ces ventes; les
Derigny, Mme Dabrovine et Romane etaient seuls dans la confidence.
Le general, sollicite par Romane, avait revele a Mme Dabrovine le vrai
nom et la position du prince Pajarski; elle avait donne les mains avec
joie au complot arrange par son oncle et Derigny pour quitter la Russie;
elle se plaignait de sa sante devant sa soeur, regrettait de ne pouvoir
aller aux eaux. A la fin de l'hiver, un jour le general lui proposa
devant Mme Papofski de la mener aux eaux en Allemagne; elle fit quelques
objections sur le derangement, l'ennui que donnerait a son oncle un
voyage avec tant de monde.
Le general: "Tu peux ajouter a tous les tiens la famille Derigny que
j'emmenerai."
Madame Papofski: "Comment, mon oncle, vous vous embarrasserez de tous
ces gens-la?"
Le general: "Oui, Maria Petrovna; comme je compte vous laisser a
Gromiline pour faire mes affaires en mon absence, j'aime mieux vous
debarrasser d'une famille que vous n'aimez pas; d'ailleurs ils veulent
retourner en France, ou ils ont des parents et du bien."
Les yeux de Mme Papofski brillerent et s'ouvr
|