qu'elle baisa au front en leur
disant:"J'espere, enfants que vous serez bons amis avec les miens, qui
sont a peu pres de votre age; vous leur apprendrez le francais, ils
vous apprendront le russe; ce seront des services que vous vous rendrez
reciproquement.
--Entrez, entrez tous, s'ecria le general, et voyez ce qu'a fait
Derigny, en quinze jours, de cet appartement sale et demeuble."
Mme Papofski se precipita dans la premiere piece, qui etait un joli
salon ou salle d'etude. Rien n'avait ete oublie; des meubles simples,
mais commodes, une grande table de travail, un piano, une jolie tenture
de perse a fleurs, des rideaux pareils, donnaient a ce salon un aspect
elegant et confortable.
Mme Papofski restait immobile, regardant de tous cotes, palissant de
plus en plus. Mme Dabrovine examinait, d'un oeil triste et doux, les
details d'ameublement qui devaient rendre cette piece si agreable a
habiter; quand elle eut tout vu, elle s'approcha de son oncle, les yeux
pleins de larmes, et, lui baisant la main:
"Mon oncle, que vous etes bons! Oui, bien bon! Quels soins aimables!"
Natasha avait couru a tous les meubles, avait tout touche, tout examine;
en terminant son inspection, elle vint se jeter au cou de son oncle et
l'embrassa a plusieurs reprises en s'ecriant:
"Que c'est joli, mon oncle, que c'est joli! Je n'ai jamais rien vu de si
joli, de si commode. Nous resterons ici toute la journee, maman et moi;
et vous, mon oncle, vous viendrez nous y voir tres souvent et tres
longtemps; vous fumerez la, dans ce bon fauteuil, pres de cette fenetre,
d'ou l'on a une si jolie vue, car je me souviens que vous aimez a fumer.
Alexandre, Michel et moi, nous travaillerons autour de cette belle
table; nous jouerons du piano, et pauvre maman sera la tout pres de
vous.
Madame Papofski: avec un sourire force. Et moi, Natasha, ou est ma
place?
Natasha, embarrassee et rougissant: Pardon, ma tante; je ne pensais
pas... qu'il vous fut agreable... de..., de....
--...de sentir l'odeur du tabac, cria le general en embrassant a son
tour sa bonne et aimable petite-niece, et en riant aux eclats.
--Merci, mon oncle, lui dit Natasha a l'oreille en lui rendant son
baiser, je l'avais oubliee.
Le general: Allons dans les chambres a coucher a present. Voici la
tienne, mon enfant." Nouvelle surprise, nouvelles exclamations, et
fureur redoublee de Mme Papofski, qui comparait son appartement avec
celui de la soeur qu'elle detestait. Natasha
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