asha: Mon oncle, il me semble que vous n'etes pas bon pour ma tante,
et c'est ce qui cause mon etonnement; je vous ai connu si bon, et maman
disait de meme chaque fois qu'elle parlait de vous.
Le general: Et a present, que dis-tu, que penses-tu?
Natasha: Je pense et je dis que je vous aime, et que je voudrais que
tout le monde vous aimat.
Le general: Nous reparlerons de cela plus tard, ma petite Natasha; en
attendant que je me corrige de mon humeur taquine, dinons gaiement; je
te promets de ne plus faire enrager ta tante.
Natasha: Merci, mon oncle. Vous me pardonnez, n'est-pas pas, d'avoir
parle franchement?
Le general, riant: Non seulement je te pardonne, mais je te remercie; et
je te nomme mon conseiller prive."
Le general, de plus en plus enchante de ses nouveaux convives, fut d'une
humeur charmante; il reussit a egayer sa niece Dabrovine, qui sourit
plus d'une fois de ses saillies originales. Dans la soiree, les enfants
allerent jouer dans une grande galerie attenant au salon. Natasha allait
et venait animait les jeux qu'elle dirigeait, faisait sourire sa mere
et rire son oncle par sa joie franche et naive. Plusieurs jours se
passerent ainsi; le general s'attachait de plus en plus a sa niece
Dabrovine et detestait de plus en plus les Papofski. Un soir Natasha
accourut dans le salon.
"Mon oncle, dit-elle, permettez-vous que j'aille chercher Jacques et
Paul pour jouer avec nous? ils doivent avoir fini de diner.
Le general: Va, mon enfant; fais ce que tu voudras." Natasha embrassa
son oncle et partit en courant; elle ne tarda pas a revenir suivie de
Jacques et de Paul. Jacques s'approcha du general.
"Vous permettez, general, que nous jouions avec vos neveux et vos
nieces? Mlle Natalie nous a dit que vous vouliez bien nous laisser venir
au salon.
Le general: Certainement, mon bonhomme; Natasha est mon charge
d'affaires; fais tout ce qu'elle te dira."
Jacques ne se le fit pas repeter deux fois et entraina Paul a la
suite de Natasha. On les entendait du salon rire et jouer; le general
rayonnait; Mme Dabrovine le regardait avec une satisfaction affectueuse;
Mme Papofski s'agitait, s'effrayait du tapage des enfants, qui devait
faire mal a son bon oncle, disait-elle.
Le general, avec impatience: Laissez donc, Maria Petrovna; j'ai entendu
mieux que ca en Circassie et en Crimee! Que diable! je n'ai pas les
oreilles assez delicates pour tomber en convulsions aux rires et aux
cris de joie d'une troupe
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