d'enfants.
Madame Papofski: Mais mon cher oncle, on ne s'entend pas ici, vous ne
pouvez pas causer.
Le general: Eh bien, le grand malheur! Est-ce que j'ai besoin de causer
toute la soiree? Je me figure que je suis pere de famille; je jouis
du bonheur que je donne a mes petits-enfants et du calme de ma pauvre
Natalie."
Mme Papofski se mordit les levres, reprit sa tapisserie et ne dit plus
mot pendant que le general causait avec Mme Dabrovine; elle lui donnait
mille details interessants sur sa vie intime des dix dernieres annees,
et sur ses enfants, dont elle faisait elle-meme l'education.
La conversation fut interrompue par une dispute violente et des cris de
fureur.
Le general: Eh bien, qu'ont-ils donc la-bas?
Madame Dabrovine: Je vais voir, mon oncle; ne vous derangez pas." Mme
Dabrovine entra dans la galerie; elle trouva Alexandre qui se battait
contre Mitineka et Yegor; Michel retenait fortement Sonushka; et
Jacques, les yeux brillants, les poings fermes, se tenait en attitude
de boxe devant Paul, qui essuyait des larmes qu'il ne pouvait retenir.
Natasha cherchait vainement a separer les combattants. Les autres
criaient a qui mieux mieux.
L'entree de Mme Dabrovine retablit le calme comme par enchantement. Elle
s'approcha d'Alexandre et lui dit severement:
"N'etes-vous pas honteux, Alexandre, de vous battre avec votre cousine?"
Les enfants commencerent a parler tous a la fois; Natasha se taisait. Sa
mere, ne comprenant rien aux explications des enfants, dit a Natasha de
lui raconter ce qui s'etait passe. Natasha rougit et continua a garder
le silence.
"Pourquoi ne reponds-tu pas, Natasha?
--Maman, c'est qu'il faudrait accuser... quel qu'un, et je ne voudrais
pas....
--Mais j'ai besoin de savoir la verite, ma chere enfant, et je t'ordonne
de me dire sincerement ce qui s'est passe.
--Maman, puisque vous l'ordonnez, dit Natasha, voila ce qui est arrive:
Alexandre et Michel ont voulu defendre le pauvre petit Paul que
Mitineka, Sonushka et Yegor tourmentent depuis longtemps. Jacques et
moi, nous avons fait ce que nous avons pu pour le proteger, mais ils se
sont reunis tous contre nous et ils se sont mis a nous battre. Voyez
comme Michel est griffe et comme Alexandre a les cheveux arraches. Quant
au bon petit Jacques, il n'a pas donne un seul coup, mais il en a recu
plusieurs.
--Venez au salon, Alexandre, Michel, avec Jacques et Paul, dit Mme
Dabrovine, et laissez vos cousins et cousins se q
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