general Carteaux etait charge de garder ce pont avec quatre cents
hommes et quatre pieces de canon. Ne voulant pas engager le combat, il
se retira sur le quai du Louvre. Les bataillons des sections vinrent
partout se ranger a quelques pas des postes de la convention, et assez
pres pour s'entretenir avec les sentinelles.
Les troupes de la convention auraient eu un grand avantage a prendre
l'initiative, et probablement, en faisant une attaque brusque, elles
auraient mis le desordre parmi les assaillans; mais il avait ete
recommande aux generaux d'attendre l'agression. En consequence, malgre
les actes d'hostilite deja commis, malgre l'enlevement des chevaux de
l'artillerie, malgre la saisie des subsistances destinees a la
convention, et des armes envoyees aux Quinze-Vingts, malgre la mort d'un
hussard d'ordonnance, tue dans la rue Saint-Honore, on persista encore a
ne pas attaquer.
La matinee s'etait ecoulee en preparatifs de la part des sections, en
attente de la part de l'armee conventionnelle, lorsque Danican, avant de
commencer le combat, crut devoir envoyer un parlementaire aux comites
pour leur offrir des conditions. Barras et Bonaparte parcouraient les
postes, lorsque le parlementaire leur fut amene les yeux bandes, comme
dans une place de guerre. Ils le firent conduire devant les comites. Le
parlementaire s'exprima d'une maniere fort menacante, et offrit la paix,
a condition qu'on desarmerait les patriotes, et que les decrets des 5 et
13 fructidor seraient rapportes. De telles conditions n'etaient pas
acceptables, et d'ailleurs il n'y en avait point a ecouter. Cependant
les comites, tout en deliberant de ne pas repondre, resolurent de nommer
vingt-quatre deputes pour aller fraterniser avec les sections, moyen qui
avait souvent reussi, car la parole touche beaucoup lorsqu'on est pret
a en venir aux mains, et on se prete volontiers a un arrangement qui
dispense de s'egorger. Cependant Danican, ne recevant pas de reponse,
ordonna l'attaque. On entendit des coups de feu; Bonaparte fit apporter
huit cents fusils et gibernes dans une des salles de la convention, pour
en armer les representans eux-memes, qui serviraient, en cas de besoin,
comme un corps de reserve. Cette precaution fit sentir toute l'etendue
du peril. Chaque depute courut prendre sa place, et, suivant l'usage
dans les momens de danger, l'assemblee attendit dans le plus profond
silence le resultat de ce combat, le premier combat en regle qu'elle eut
en
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