ujours en espagnol avec Albert, lui
raconta en peu de mots l'accueil que son pacifique Zdenko lui avait fait,
et la tentative de l'enterrer vivante, qu'il avait presque entierement
executee, au moment ou elle avait eu la presence d'esprit de l'apaiser par
une phrase singulierement heretique. Une sueur froide ruissela sur le
front d'Albert en apprenant ces details incroyables, et il lanca plusieurs
fois sur Zdenko des regards terribles, comme s'il eut voulu l'aneantir.
Zdenko, en les rencontrant, prit une etrange expression de revolte et de
dedain. Consuelo trembla de voir ces deux insenses se tourner l'un contre
l'autre; car, malgre la haute sagesse et l'exquisite de sentiments qui
inspiraient la plupart des discours d'Albert, il etait bien evident
pour elle que sa raison avait recu de graves atteintes dont elle ne se
releverait peut-etre jamais entierement. Elle essaya de les reconcilier
en leur disant a chacun des paroles affectueuses. Mais Albert, se levant,
et remettant les clefs de son ermitage a Zdenko, lui adressa quelques mots
tres-froids, auxquels Zdenko se soumit a l'instant meme. Il reprit sa
lanterne, et s'eloigna en chantant des airs bizarres sur des paroles
incomprehensibles.
"Consuelo, dit Albert lorsqu'il l'eut perdu de vue, si ce fidele animal
qui se couche a vos pieds devenait enrage; oui, si mon pauvre Cynabre
compromettait votre vie par une fureur involontaire, il me faudrait bien
le tuer; et croyez que je n'hesiterais pas, quoique ma main n'ait jamais
verse de sang, meme celui des etres inferieurs a l'homme.... Soyez donc
tranquille, aucun danger ne vous menacera plus.
--De quoi parlez-vous, Albert? repondit la jeune fille inquiete de cette
allusion imprevue. Je ne crains plus rien. Zdenko est encore un homme,
bien qu'il ait perdu la raison par sa faute peut-etre, et aussi un peu
par la votre. Ne parlez ni de sang ni de chatiment. C'est a vous de le
ramener a la verite et de le guerir au lieu d'encourager son delire.
Venez, partons; je tremble que le jour ne se leve et ne nous surprenne a
notre arrivee.
--Tu as raison, dit Albert en reprenant sa route. La sagesse parle par ta
bouche, Consuelo. Ma folie a ete contagieuse pour cet infortune, et il
etait temps que tu vinsses-nous tirer de cet abime ou nous roulions tous
les deux. Gueri par toi, je tacherai de guerir Zdenko.... Et si pourtant
je n'y reussis point, si sa demence met encore ta vie en peril, quoique
Zdenko soit un homme devant Dieu, e
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