nfusion, y
aboutit, parce qu'_a des ames, aux plus sensitives, le vocabulaire
commun devient insuffisant. Il vivait dans une surexcitation
nerveuse qu'il nommait, selon les heures, desir de savoir, desir
d'aimer, desir sans nom,_--et qu'il rendit immortelle par des
procedes heureux.
A-t-on remarque que la femme est la meme a travers ces trois volumes,
accommodee simplement au milieu? L'ombre elegante et tres raisonneuse
des premiers chapitres des _Barbares_, c'est deja celle qui sera
Berenice; elle est vraiment designee avec exactitude au chapitre
_Aventures d'amour_, dans _l'Homme libre_, quand Philippe l'appelle
l'"Objet". Voila bien le nom qui lui convient dans tous ses aspects,
au cours de ces trois volumes. Elle est, en effet, objectivee, la part
sentimentale qu'il y a dans un jeune homme de ce temps.... Et vraiment
n'etait-il pas temps qu'un conteur accueillit ce principe, admis par
tous les analystes et verifie par chacun de nous jusqu'au plus profond
desenchantement, a savoir que l'amour consiste a vetir la premiere venue
qui s'y prete un peu des qualites que nous recherchons cette saison-la?
"C'est nous qui creons l'univers," telle est la verite qui impregne
chaque page de cette petite oeuvre. De la leurs conclusions: le Moi
decouvre une harmonie universelle a mesure qu'il prend du monde une
conscience plus large et plus sincere. Cela se concoit, il cree
conformement a lui-meme; il suffit qu'il existe reellement, qu'il ne
soit pas devenu un reflet des Barbares, et dans un univers qui n'est que
l'ensemble de ses pensees regnera la belle ordonnance selon laquelle
s'adaptent necessairement les unes aux autres les conceptions d'un
cerveau lucide.
Cette harmonie, cette securite, c'est la revelation qu'on trouve au
_Jardin de Berenice_, et en verite y a-t-il contradiction entre cette
derniere etape et l'inquietude du depart _Sous l'oeil des Barbares_?
Nullement, c'etait acheminement. Avant que le Moi creat l'univers, il
lui fallait exister: ses duretes, ses negations, c'etait effort pour
briser la coquille, pour etre.
* * * * *
II.--PRETENDU SCEPTICISME
Et maintenant au lecteur informe de reviser ce jugement de scepticisme
qu'on porta sur notre oeuvre.
Nul plus que nous ne fut affirmatif. Parmi tant de contradictions que,
a notre entree dans la vie, nous recueillons, nous, jeunes gens informes
de toutes les facons de sentir, je ne voulus rien
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