reres!"
--Athene, sur quoi veux-tu que nous jurions?
--Sur moi, dit-elle, qui suis Hellas.
Et tous etendirent la main.
* * * * *
Mais deja, la representation finie, ils s'empressaient a rajuster leurs
tuniques, a draper les plis de leurs manteaux, pour sortir par les
jardins.
Amaryllis a l'ecart pleurait; apres cette journee tant emue, ses nerfs
avaient faibli sous la supreme invocation de la vierge. Athene promenait
ses lents regards, et rien dans sa serenite ne trahissait l'impatience
de solitude que ces longues seances lui laissaient. Elle vit la courtisane
et l'embrassa devant tous, et la tendre Lydienne s'abandonnait a cette
etreinte. On applaudit. Ces fils artistes de la Grece trouvaient beau la
vierge aux contours divins enlacee de la souple Orientale: pure colonne
de Paros ou s'enroule le pampre des ivresses.
* * * * *
Lucius songeait: "Helas! Athene, vous voulez nous elever jusqu'a
l'intelligence pure et nous defendre toutes les illusions, celles qui
nous font pleurer et celles dont nous revons; craignez qu'il ne vous
enleve encore cette enfant, celui qui abaissa les pensees de nos sages
jusqu'au peuple, et qui, dans sa mort comme dans sa vie, evoque tous les
troubles de la passion."
* * * * *
L'agitation persista, car les ennemis d'Athene gagnaient de l'audace a
demeurer impunis, et la foule se prenait a hair celle qu'on insultait
tout le jour.
* * * * *
Quand revint le cours de la vierge, le Romain, avec une bienveillante
ironie, lui conduisit l'Orientale:
--Je te presentai une servante d'Adonis, c'est une chretienne qu'il faut
dire aujourd'hui.
Athene, avec la lassitude de son isolement et de son elevation,
repondit:
--Qu'importe, peut-etre, Lucius! Ne pas sommeiller dans l'ordinaire de
la vie, etre curieux de l'inconnaissable, c'est toute la douloureuse
noblesse de l'esprit; tu la possedes, Amaryllis. Et pouvons-nous te
reprocher, a toi qui naquis d'une affranchie orientale, le malheur
d'ignorer la forme sereine et definitive, que surent donner a cette
inquietude nos aieux, les penseurs d'Hellas?
Dans cette excuse se dressait un peu de fierte, et ce fut tout son
reproche a la Chretienne. Puis en peu de mots elle les remercia d'etre
venus. Ses amis le plus affiches, jugeant le peril imminent, s'etaient
excuses. Seul, un vieillard rejoignit, aupres d
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