emeure: "Pere, laisse-moi."
Il repondit en sanglotant:
--Je t'ai connue quand tu etais petite.... Je suis tres vieux, et toi
seule m'aime parmi les vivants....
Soudain ils se turent.
* * * * *
En bas, une marche cadencee retentissait sur les dalles. "Les legions!"
cria-t-il. Et tous deux se sentirent une immense joie, et cependant
quelque chose comme une deception de martyrs. C'etaient les Barbares a
la solde de l'Empire, casques d'airain et leurs epees sonnant a chaque
pas. Honte! ils protegent la ville seule! ils sacrifient le Serapis aux
fanatiques qui accourent, farouches sous leurs peaux de betes, avec des
piques.
* * * * *
Elle repeta: "Pere, laisse-moi, car il n'est pas convenable qu'une femme
meure devant un homme."
Il cessa de pleurer, et relevant la tete:
--Linus fut dechire par des chiens enrages, mais Orphee enchantait les
betes feroces. Le dernier de leurs pieux disciples s'enorgueillit de
tenter un destin semblable.
La jeune fille n'essaya pas de le retenir. Peut-etre convenait-il que
des vers fussent declames devant la mort de la petite-fille de Platon et
d'Homere.
* * * * *
De la terrasse, elle vit le doux vieillard s'avancer vers la populace.
A peine il ouvrait la bouche qu'une pierre lui fendit le front, ou
chante le genie des poetes. Et la vierge immaculee dedaigna d'en voir
davantage. De ce peuple vautre dans la bestialite, elle haussa son
regard jusqu'au ciel et jusqu'au divin Helios, qu'environne l'ether
immense ou se meuvent, sur le rhythme des astres, les ames les plus
nobles.
On entendait le bruit des poutres contre les portes vermoulues, et des
voix hurlant la mort.
* * * * *
Comme une pretresse, avec une lente serenite, dans un jour solennel,
accomplit selon les rites anciens les prescriptions sacrees, ainsi
Athene se tourna vers la lointaine, vers la pieuse patrie d'Hellas:
--Adieu, disait-elle, o ma mere! o la mere de mes aieux! Athenes qui
n'es plus qu'une ruine harmonieuse, pres de depouiller l'existence, je
te salue de ma derniere invocation!
"Tu m'adoucis ma jeunesse, tu m'instituas un refuge dans ta gloire
contre les choses viles, contre la mediocrite et la souffrance, et s'il
n'avait tenu qu'a toi, j'eusse connu la douceur du sourire.
"Tu deposas en moi tes plus nobles pensees et tes rhythmes les plus
harmonieux, et tu ne
|