uoi desirer des dieux et des choses
innommees!
* * * * *
Sous la soie bleuatre de sa tunique transparaissait le corps tant adore
de la jeune femme encadre de brocart. Ses doigts effiles jouaient avec
la bulle de cristal jaunatre, ou sa mere jadis enferma les conjurations.
On n'entendait que le bruissement de l'eau contre la barque; de loin en
loin sautait un poisson avec le rapide eclat d'argent de son ventre.
Mais seul un souffle triste agitait le coeur meurtri de l'enfant.
--Quel mime, quel thaumaturge, quel temple visitera aujourd'hui notre
chere Amaryllis? Je la conduirai selon ses desirs avant de me rendre au
Serapeum.
--Athene vous convoque aujourd'hui? interrogea, en se soulevant et d'une
voix reveillee, la jeune femme. Athene! on dit qu'elle sait les choses
et des dieux la protegent. Une fois que j'etais couronnee de fleurs et
de jeunes amants, comme on sort d'une fete de nuit, je l'ai vue sur les
tours de Serapeum, extasiee et en robe blanche. Mes amis l'acclamerent
et je ne fus pas jalouse, puisqu'elle est une divinite chaste. Alors
survinrent pour la huer ces hommes qui adorent un crucifie et possedent
toute certitude. Au-dessus d'elle la lune palissait, plus lointaine a
chaque insulte; mais eux etaient trempes du soleil levant comme du sang
de la victoire et je pense que c'est un presage. Comment subjugue-t-elle
les ames? Est-elle donc plus belle que moi? Elle pourrait guerir mon
chagrin.
--Tu reves toujours, Amaryllis, et tes reves te gatent ta vie. Daigne
sourire, ma chere Lydienne, et contre ton baiser viendront se briser les
faibles et depouiller leurs dernieres illusions les forts. Jouis de
l'heure qui passe, des caresses des plus jeunes et de l'amitie de ceux
qui sont las, et laissons vivre du passe la vierge du Serapeum.
Et s'etant incline, il serrait la main d'Amaryllis entre ses doigts.
Mais elle se mit a pleurer.
--Au nom de nos plaisirs que tu te rappelles, par l'amour que tu avais
de mes petites fossettes, par ta haine des chretiens qui seuls me
resistent, par mes larmes qui me rendront laide, Lucius, mene-moi chez
Athene.
Le jeune homme la soutint dans ses bras et s'agenouillant devant elle:
--Le sort, lui dit-il, t'avait donne un corps sain et beau. Faut-il y
introduire la pensee qui deforme tout!
Mais comme elle ne cessait de gemir et que les pleurs d'une femme
attristent les plus belles journees:
--Soit, Amaryllis, souris et donne-moi la
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