urs peres, ils te demandent
d'oublier les choses irreparables, car cette obscure inquietude, qui
jadis excita les aieux contre ta serenite, force aujourd'hui les plus
nobles a s'enfermer dans leur tour d'ivoire, ou ils interrogent avec
amour ta vie et ton enseignement; et ce fut un grand bonheur, pour un
des jeunes hommes de cette epoque, que ces quelques jours passes a tes
genoux, dans l'enthousiasme qui te baigne et qui seul eut pu rendre ces
pages dignes de ton heroique legende.
* * * * *
LIVRE II
A PARIS
A Henry de Verneville.
* * * * *
CHAPITRE QUATRIEME
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CONCORDANCE
_Quelques mois avant d'etre majeur, il quitta sa province pour terminer
de niaises etudes, probablement son droit, a Paris. Il y vecut la vie
des conversations interminables qui est toute l'existence d'un etudiant
francais un peu intelligent._
_Il frequenta habituellement:_
_1 deg. Des cafes ou se retrouvaient des jeunes gens ambitieux ou artistes;_
_2 deg. Quelques cabinets de travail de litterateurs connus;_
_3 deg. La Bibliotheque Nationale, l'Ecole des hautes etudes, des concerts
le dimanche, des musees._
_Dans cette vie ou il se dispersait, il apportait en somme assez de
clairvoyance. A Paris, il ne trouva pas ces hommes d'exception qu'il
imaginait et a cause desquels il s'etait meprise pendant des annees.
Quant a l'aimable plaisir qu'on y rencontre a chaque heurt de rue ou de
conversation, il estimait qu'il en faudrait davantage pour que cela
suffit._
* * * * *
PARIS A VINGT ANS
En ces reves (chapitre III), l'adolescent parait de noms pompeux ses
premieres sensibilites. Durant trente jours et davantage, il gonfla son
ame jusqu'a l'heroisme. De sa tour d'ivoire,--comme Athene, du Serapis
--son imagination voyait la vie grouillante de fanatiques grossiers. Il
s'instituait victime de mille bourreaux, pour la joie de les mepriser.
Et cet enfant isole, vaniteux et meurtri, vecut son reve d'une telle
energie que sa souffrance egalait son orgueil.
Solitaires promenades jusqu'a l'aube dans l'ombre de Notre-Dame!
C'etait une philosophie abandonnee qu'il venait la pieusement servir.
Que lui importait alors une vaine architecture! Ces pierres, si
ingenieux qu'il en sut l'agencement, ne paraissaient a son esprit que le
manteau d'un Dieu. Sa devotion, soulevant ce linceu
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