ment
une chevelure d'un noir de jais, quand Clement et Rosalie avaient des
cheveux qui tiraient sur le blond, il avait encore des traits qui leur
etaient totalement etrangers. Outre cela, ce qui frappait bien davantage,
sa jolie figure n'annoncait ni sensibilite, ni intelligence; elle
conservait, meme sous les plus tendres caresses, l'impassibilite de
l'idiotisme. Les agaceries de sa nourrice n'etaient pas parvenues a le
faire sourire; ses levres etaient restees closes comme son coeur semblait
muet. Il s'etait borne a examiner opiniatrement son pere et sa mere avec
une indifference stupide. Destroy, qui aimait beaucoup les enfants, avait
ressenti insensiblement une telle froideur a l'examen de celui-ci, qu'il
n'avait pas meme songe a l'embrasser. Vingt sensations l'avaient assailli
graduellement, et sa curiosite, un moment assoupie, au sujet du mystere
qui pesait sur l'existence de Clement, s'etait reveillee avec une
intensite nouvelle.
Apres avoir dine dans une guinguette, ils retournerent chez la nourrice.
L'enfant dormait. Clement ne voulut pas qu'on le reveillat. La mere se
contenta de le baiser au front et de le mouiller silencieusement de
larmes. Clement oublia de le caresser, tant il avait hate de quitter cet
interieur. En gagnant la voiture, Max l'entendit qui disait a Rosalie:
"Pourquoi te faire tant de mal? Avec le temps, il changera surement de
visage. Je ne vois d'ailleurs dans cette ressemblance que l'effet d'un
hasard comme il y en a tant."
Rosalie secoua douloureusement la tete.
Cette journee qui, au depart, promettait d'etre si joyeuse, s'assombrit
tout a coup, comme on l'a vu, puis se termina d'une facon lugubre.
Fatiguee par le voyage, decue dans son amour de mere, sous le poids de
lourdes et cruelles pensees, Rosalie fut a peine de retour dans sa maison
qu'elle eut des spasmes, suivis d'un long evanouissement. Il en fut de sa
nouvelle convalescence, qu'un moment on avait pu croire serieuse, comme
des autres; ses anciennes faiblesses la reprirent; les instants de repit
que, de temps a autre, lui laissa encore son mal, furent plus que jamais
illusoires; son etat maladif empira chaque jour plus ostensiblement.
X.
Soiree musicale.
Clement donna une grande soiree, sans troubler l'ordre de ses soirees
habituelles.
Depuis plusieurs annees, Rodolphe, jetant sa gourme, comme on dit,
racontait en style de precieuses, au bas d'un petit journal, les menus
details de sa vie intime. Dans c
|