tot le vieux
Frederic, parlerent de se retirer. Au milieu du silence qui precedait leur
depart, la sonnette de la porte rendit tout a coup des sons eclatants.
Rosalie et Clement tressaillirent.
"L'heure des visites, fit Clement en regardant la pendule d'un air inquiet,
est passee, ce me semble."
La vieille sourde entra. Clement l'interpella d'une voix forte. Marguerite
repondit que c'etait la nourrice avec l'enfant de madame. Rosalie jeta un
cri qu'on pouvait prendre pour un cri de bonheur. Elle essaya de se lever,
mais elle retomba aussitot sur le dossier de sa chaise, tandis que ses
gestes febriles et l'animation de sa physionomie temoignaient d'une
emotion extraordinaire. Clement, qui, contrairement au voeu constant de sa
femme, voulait que l'enfant restat a Saint--Germain, se dirigea
sur-le-champ vers l'antichambre, disant d'un air irrite:
"Qu'est-ce que cela signifie?"
La nourrice avait suivi de pres la vieille sourde; elle entrait dans le
salon avec l'enfant juste au moment ou Clement allait en sortir. Il
l'envisagea quelques secondes avec colere.
"Qui vous a commande d'amener cet enfant? lui dit-il ensuite d'un ton a
faire trembler une femme moins brave.
--Ah! monsieur, fit celle-ci avec vivacite, sans reculer d'un pas, votre
enfant, je ne sais plus qu'en faire. Il ne _decesse_ pas depuis un mois de
pleurer le jour et la nuit, et d'appeler sa maman. Mon pauvre homme, qui
fatigue dans les champs du matin au soir, ne peut plus dormir. Quant a moi,
je suis sur les dents, j'en ai assez, et vous me donneriez bien cent
francs par mois que je ne voudrais pas garder davantage votre petit.
Reprenez-le..."
Clement etait attere.
"Donnez-le-moi!" s'ecria Rosalie dans un elan irresistible de tendresse.
La nourrice, d'un air de satisfaction, tout en disant: "La voila, ta maman,
mon cheri," s'empressa de mettre l'enfant dans les bras de la mere.
Rosalie le baisa et le serra contre elle avec transport. Mais l'enfant,
sans paraitre le moins du monde emu de ces caresses, se demenait et
tachait a se debarrasser du chale dont il etait emmaillote. En
accompagnant ses gestes de quelques cris aigus, il eut bientot raison de
la faible resistance que lui opposait sa mere. Rosalie dut l'asseoir sur
ses genoux et lui decouvrir le visage. Il tournait le dos a la lumiere et
avait naturellement la face dans l'ombre; a moins d'etre pres de lui, on
ne pouvait distinguer bien nettement ses traits.
Mme Thillard, n'eut-elle p
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