les reduire a la classe des
sans-culottes, _en ne pas leur laissant de quoi se couvrir le derriere_.
Chaumette, procureur de la commune, fit un long discours ou il deplora les
malheurs de la patrie, provenant, disait-il, de la perfidie des
gouvernans, de l'egoisme des riches, de l'ignorance du peuple, de la
fatigue et du degout de beaucoup de citoyens pour la chose publique. Il
proposa donc et fit arreter qu'on demanderait a la convention des moyens
d'instruction publique, des moyens de vaincre l'egoisme des riches, et de
venir au secours des pauvres; qu'on formerait une assemblee composee des
presidents des comites revolutionnaires, des sections, et des deputes de
tous les corps administratifs; que cette assemblee se reunirait les
dimanches et jeudis a la commune, pour aviser aux dangers de la chose
publique; qu'enfin on inviterait tous les bons citoyens a se rendre dans
les assemblees de section, pour y faire valoir leur patriotisme.
Danton, toujours prompt a trouver des ressources dans les moments
difficiles, imagina de composer deux armees de sans-culottes, dont l'une
marcherait sur la Vendee, tandis que l'autre resterait dans Paris pour
contenir l'aristocratie, et de les solder toutes deux aux depens des
riches; et enfin, pour s'assurer la majorite dans les sections, il proposa
de payer les citoyens qui perdraient leur temps pour assister a leurs
seances. Robespierre, empruntant les idees de Danton, les developpa aux
Jacobins, et proposa en outre de former de nouvelles classes de suspects,
de ne plus les borner aux ci-devant nobles, ou pretres, ou financiers,
mais a tous les citoyens qui avaient de quelque maniere fait preuve
d'incivisme; de les enfermer jusqu'a la paix; d'accelerer encore l'action
du tribunal revolutionnaire, et de contre-balancer par de nouveaux moyens
de communication l'effet des mauvais journaux. Avec toutes ces ressources,
on pouvait, disait-il, sans moyen illegal, sans violation des lois,
resister au cote droit et a ses machinations.
Toutes les idees se dirigeaient donc vers un but, qui etait d'armer le
peuple, d'en placer une partie au dedans, d'en porter une autre au dehors;
de l'equiper aux frais des riches, de le faire meme assister a leurs
depens a toutes les assemblees deliberantes; d'enfermer tous les ennemis
de la revolution sous le nom de _suspects_, bien plus largement defini
qu'il ne l'avait ete jusqu'ici; d'etablir entre la commune et les sections
un moyen de correspondance, e
|