t.---Eh bien, reprend Levasseur, que
les membres du cote gauche se portent vers la droite, et alors la
convention sera distincte des petitionnaires, et pourra deliberer." A
cette proposition, la Montagne s'empresse de passer a droite. Pour un
moment les deux cotes se confondent et les bancs de la Montagne sont
entierement abandonnes aux petitionnaires. On met aux voix l'impression de
l'adresse, et elle est decretee. "Aux voix! repete-t-on ensuite, le projet
de Barrere!--Nous ne sommes pas libres, repondent plusieurs membres de
l'assemblee.--Je demande, s'ecrie Vergniaud, que la convention aille se
reunir a la force armee qui l'entoure, pour y chercher protection contre
la violence qu'elle subit." En achevant ces mots, il sort suivi d'un grand
nombre de ses collegues. La Montagne et les tribunes applaudissent avec
ironie au depart du cote droit; la Plaine reste indecise et effrayee. "Je
demande, dit aussitot Chabot, qu'on fasse l'appel nominal pour signaler
les absens qui desertent leur poste." Dans ce moment, Vergniaud et ceux
qui l'avaient suivi rentrent avec un air de douleur et comme tout-a-fait
accables; car cette demarche, qui pouvait etre grande, si elle eut ete
secondee, devenait petite et ridicule en ne l'etant pas. Vergniaud essaie
de parler, mais Robespierre ne veut pas lui ceder la tribune qu'il
occupait. Il y reste, et reclame des mesures promptes et energiques pour
satisfaire le peuple; il demande qu'a la suppression de la commission des
douze on joigne des mesures severes contre ses membres; il s'etend ensuite
longuement sur la redaction du projet de Barrere, et s'oppose a l'article
qui attribuait la disposition de la force armee a la convention. "Concluez
donc, lui dit Vergniaud impatient.--Oui, reprend Robespierre, je vais
conclure et contre vous! Contre vous, qui, apres la revolution du 10 aout,
avez voulu conduire a l'echafaud ceux qui l'ont faite! contre vous, qui
n'avez cesse de provoquer la destruction de Paris! contre vous, qui avez
voulu sauver le tyran! contre vous, qui avez conspire avec Dumouriez! Ma
conclusion, c'est le decret d'accusation contre tous les complices de
Dumouriez, et contre ceux designes par les petitionnaires."
Apres de longs et nombreux applaudissemens, un decret est redige, mis aux
voix, et adopte au milieu d'un tumulte qui permet a peine de distinguer
s'il a reuni un nombre suffisant de suffrages. Il porte: que la commission
des douze est supprimee; que ses papiers seront
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