hes. Les riches, disait-on, ne
voulaient rien faire pour la defense du pays et de la revolution; ils
vivaient dans une heureuse oisivete, et laissaient au peuple le soin
de verser son sang pour la patrie; il fallait les obliger a contribuer au
moins de leurs richesses au salut commun. Pour cela, on imagina un emprunt
force, fourni par les citoyens de Paris, suivant la quotite de leurs
revenus. Depuis le revenu de mille francs jusqu'a celui de cinquante
mille, ils devaient fournir une somme proportionnelle qui s'elevait depuis
trente francs jusqu'a vingt mille. Tous ceux dont le revenu depassait
cinquante mille francs devaient s'en reserver trente mille, et abandonner
tout le reste. Les meubles et immeubles de ceux qui n'auraient point
satisfait a cette patriotique contribution, devaient etre saisis et vendus
a la requisition des comites revolutionnaires, et leurs personnes
regardees comme suspectes.
De telles mesures, qui atteignaient toutes les classes, soit en
s'adressant aux personnes pour les obliger a prendre les armes, soit en
s'adressant aux fortunes pour les faire contribuer, devaient eprouver une
forte resistance dans les sections. On a deja vu qu'il existait entre
elles des divisions, et qu'elles etaient plus ou moins agitees suivant la
proportion dans laquelle s'y trouvait le bas peuple. Dans quelques-unes,
et notamment celles des Quinze-Vingts, des Gravilliers, de la
Halle-aux-Bles, on declara qu'on ne partirait pas, tant qu'il resterait a
Paris des federes et des troupes soldees, lesquelles servaient, disait-on,
de _gardes-du-corps_ a la convention. Celles-ci resistaient par esprit de
jacobinisme, mais beaucoup d'autres resistaient pour une cause contraire.
La population des clercs, des commis, des garcons de boutique, reparut
dans les sections, et montra une forte opposition aux deux arretes de la
commune. Les anciens serviteurs de l'aristocratie en fuite, qui
contribuaient beaucoup a agiter Paris, se reunirent a eux; on se rassembla
dans les rues et sur les places publiques, on cria _a bas les jacobins! a
bas la Montagne!_ et les memes obstacles que le systeme revolutionnaire
rencontrait dans les provinces, il les rencontra cette fois a Paris.
Ce fut alors un cri general contre l'aristocratie des sections. Marat dit
que MM. les epiciers, les procureurs, les commis, conspiraient avec MM. du
cote droit et avec MM. les riches, pour combattre la revolution; qu'il
fallait les arreter tous comme suspects, et
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