audissent. Aussitot Guadet demande que les
paroles de Legendre soient conservees dans le proces-verbal, et connues de
toute la France, pour qu'elle sache comment sont traites ses deputes.
Lanjuinais, continuant, soutient que le decret de la veille n'a pas ete
rendu, car les petitionnaires ont vote avec les deputes, ou que s'il a ete
rendu, il doit etre rapporte, parce que l'assemblee n'etait pas libre.
"Quand vous etes libres, ajoute Lanjuinais, vous ne votez pas l'impunite
du crime." A gauche, on affirme que Lanjuinais altere les faits; que les
petitionnaires n'ont pas vote, qu'ils se sont retires dans les couloirs. A
droite, on assure le contraire, et, sans s'etre entendu a cet egard, on
met aux voix le rapport du decret. A une majorite de cinquante-une voix,
le decret est rapporte. "Vous avez fait, dit alors Danton, un grand acte
de justice, et j'espere qu'il sera reproduit avant la fin de la seance;
mais si la commission que vous venez de reintegrer conserve ses pouvoirs
tyranniques, si les magistrats du peuple ne sont pas rendus a la liberte
et a leurs fonctions, alors je vous declare qu'apres avoir prouve que nous
passons nos ennemis en prudence et en sagesse, nous _prouverons que nous
les passons en audace et en vigueur revolutionnaire_." On met alors aux
voix l'elargissement provisoire des detenus, et il est prononce a
l'unanimite. Rabaut Saint-Etienne veut etre entendu au nom de la
commission des douze, invoque l'attention au nom du salut public, et ne
peut se faire ecouter; enfin il donne sa demission.
Le decret avait ete ainsi rapporte, et la majorite, revenue au cote droit,
semblait prouver que les decrets n'appartiendraient au cote gauche que
dans quelques momens de faiblesse. Quoique les magistrats reclames eussent
ete elargis, quoique Hebert fut rendu a la commune, ou il recevait des
couronnes, neanmoins le rapport du decret avait souleve toutes les
passions, et l'orage, qui semblait s'etre dissipe un moment, allait enfin
eclater d'une maniere plus terrible.
Le jour meme, l'assemblee qui s'etait tenue a la mairie, et qui ne s'y
reunissait plus depuis que le maire avait interdit les propositions dites
de _salut public_, fut renouvelee a l'Eveche, dans le club electoral, ou
se rendaient parfois quelques electeurs. Elle fut composee de commissaires
des sections, choisis dans les comites de surveillance, de commissaires de
la commune, du departemens et des divers clubs. Les femmes memes y etaient
represente
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