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e paru, et on s'etait ajourne au dimanche 19 mai, pour s'y
occuper de l'objet de la reunion. Malgre le but, en apparence assez
circonscrit, que l'arrete de la commune fixait a cette assemblee, on y
avait tenu les propos qui se tenaient partout, et on y avait dit, comme
ailleurs, qu'il fallait un nouveau 10 aout. Cependant on s'etait borne a
de nouveaux propos, a des exagerations de club; il s'y etait trouve des
femmes melees aux hommes, et ce tumultueux rassemblement n'avait offert
que le meme desordre d'esprit et de langage que presentaient tous les
lieux publics. Le 15, le 16 et le 17 mai se passent en agitations, et tout
devient une occasion de querelle et de tumulte dans l'assemblee. Les
Bordelais envoient une adresse, dans laquelle ils annoncent qu'ils vont se
lever pour soutenir leurs deputes; ils declarent qu'une partie d'entre eux
marchera sur la Vendee, pour combattre les rebelles, tandis que l'autre
marchera sur Paris, pour exterminer les anarchistes qui oseraient attenter
a la representation nationale. Une lettre de Marseille annonce que les
sections de cette ville persistent dans leur resistance. Une petition de
Lyon reclame du secours pour quinze cents detenus, enfermes sous le nom de
suspects, et menaces du tribunal revolutionnaire par Chalier et les
jacobins. Ces petitions excitent un tumulte epouvantable. Dans
l'assemblee, dans les tribunes, on semble pret a en venir aux mains.
Cependant le cote droit, s'animant par le danger, communique son courage a
la Plaine, et on decrete a une grande majorite que la petition des
Bordelais est un modele de patriotisme; on casse tout tribunal
revolutionnaire erige par des autorites locales, et on autorise les
citoyens qu'on voudrait y traduire a repousser la force par la force. Ces
decisions exaltent a la fois l'indignation de la Montagne et le courage du
cote droit. Le 18, l'irritation est portee au comble. La Montagne, privee
d'un grand nombre de ses membres, envoyes comme commissaires dans les
departemens et les armees, crie a l'oppression. Guadet demande aussitot la
parole pour une application historique aux circonstances presentes, et il
semble prophetiser d'une maniere effrayante la destinee des partis.
"Lorsqu'en Angleterre, dit-il, une majorite genereuse voulut resister aux
fureurs d'une minorite factieuse, cette minorite cria a l'oppression, et
parvint avec ce cri a mettre en oppression la majorite elle-meme. Elle
appela a elle les patriotes _par excellence_. C'
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