ance!--Non, non,
repondent des voix de gauche, ecoutez les petitionnaires." Henri Lariviere
s'obstine a occuper la tribune. "Si vous voulez, dit-il, entendre
quelqu'un, il faut ecouter votre commission des douze, que vous accusez de
tyrannie, et qui doit vous faire connaitre ses actes pour vous mettre a
meme de les apprecier." De grands murmures couvrent sa voix. Isnard, ne
pouvant plus tenir a ce desordre, quitte le fauteuil, et il est remplace
par Herault-Sechelles, qui est accueilli par les applaudissemens des
tribunes. Il consulte l'assemblee, qui, entrainee par les menaces et le
bruit, vote, au milieu de cette confusion, que la seance sera continuee.
On introduit les orateurs a la barre; ils sont suivis d'une nuee de
petitionnaires. Ils demandent insolemment la suppression d'une commission
odieuse et tyrannique, l'elargissement des detenus et _le triomphe de la
vertu_. "Citoyens, leur repond Herault-Sechelles, _la force de la raison
et la force du peuple sont la meme chose._" De bruyans applaudissemens
accueillent cette dogmatique absurdite. "Vous demandez justice,
ajoute-t-il; la justice est notre premier devoir, elle vous sera rendue."
D'autres petitionnaires succedent aux precedens. Divers orateurs prennent
ensuite la parole, et on redige un projet de decret, par lequel les
citoyens incarceres par la commission des douze sont elargis, la
commission des douze est dissoute, et sa conduite livree a l'examen du
comite de surete generale. La nuit etait avancee; les petitionnaires
s'etaient introduits en foule et obstruaient la salle. La nuit, les cris,
le tumulte, la foule, tout contribuait a augmenter la confusion. Le decret
est mis aux voix, et il est rendu sans qu'on puisse savoir s'il a ete
vote. Les uns disent que le president n'a pas ete entendu; d'autres, que
les votes n'ont pas ete en nombre suffisant; d'autres enfin, que les
petitionnaires ont pris la place des deputes absens, et que le decret est
nul. Neanmoins il est proclame, et les tribunes et les petitionnaires
s'echappent, et vont annoncer a la commune, aux sections, aux Jacobins,
aux Cordeliers, que les prisonniers sont elargis et que la commission est
cassee.
Cette nouvelle repandit une grande joie populaire et un moment de calme
dans Paris. Le visage meme du maire sembla respirer un contentement
sincere de voir les troubles apaises! Cependant les girondins, decides a
combattre en desesperes, et a ne pas ceder la victoire a leurs
adversaires, se
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