oeu sur l'insurrection,
et qu'immediatement apres, le tocsin sonnera, les barrieres seront
fermees, et la generale battra dans toutes les rues. Les sections se
reunissent en effet, et la journee se passe a recueillir tumultueusement
le voeu de l'insurrection. Le comite de salut public, la commission des
douze, mandent les autorites pour obtenir des renseignements. Le maire
fait connaitre, avec un regret du moins apparent, le plan arrete a
l'Eveche. L'Huillier, procureur-syndic du departemens, declare
ouvertement, et avec une assurance tranquille, le projet d'une
insurrection _toute morale_, et il se retire paisiblement aupres de ses
collegues.
La journee s'acheve ainsi, et des le commencement de la nuit le tocsin
retentit, la generale se bat dans toutes les rues, les barrieres sont
fermees, et les citoyens etonnes se demandent si de nouveaux massacres
vont ensanglanter la capitale. Tous les deputes de la Gironde, les
ministres menaces, passent la nuit hors de leur demeure. Roland va se
cacher chez un ami; Buzot, Louvet, Barbaroux, Guadet, Bergoing, Rabaut
Saint-Etienne, se retranchent dans une chambre ecartee, munis de bonnes
armes, et prets, en cas d'attaque, a se defendre jusqu'a la derniere
goutte de leur sang. A cinq heures du matin, ils en sortent pour se rendre
a la convention, ou, a la faveur du jour naissant, se reunissaient deja
quelques membres, appeles par le tocsin. Leurs armes, qui etaient
apparentes, les font respecter de quelques groupes qu'ils traversent, et
ils arrivent a la convention, ou se trouvaient deja quelques montagnards,
et ou Danton s'entretenait avec Garat. "Vois, dit Louvet a Guadet, quel
horrible espoir brille sur ces visages!--Oui, repond Guadet, c'est
Aujourd'hui que Clodius exile Ciceron." De son cote, Garat, etonne de voir
Danton rendu si matin a l'assemblee, l'observait avec attention. "Pourquoi
tout ce bruit, lui dit Garat, et que veut-on?--Ce ne sera rien, repond
froidement Danton. Il faut leur laisser briser quelques presses, et les
renvoyer avec cela." Vingt-huit deputes etaient presents. Fermont occupe
momentanement le fauteuil; Guadet siege courageusement comme secretaire.
Le nombre des deputes augmente, et on attend le moment d'ouvrir la seance.
Dans cet instant, l'insurrection se consommait a la commune. Les envoyes
du comite central revolutionnaire, ayant a leur tete le president Dobsen,
se presentent a l'Hotel-de-Ville, munis de pleins pouvoirs
revolutionnaires. Dobsen pre
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