vait respecte la liberte de la
convention, la vie de chacun de ses membres, et demande une justice qu'on
s'etait empresse de lui rendre. C'est ainsi que Barrere s'exprimait a
l'egard de l'abolition de cette commission des douze, dont il etait
lui-meme l'auteur.
Le 1er juin, la tranquillite etait loin d'etre retablie; la reunion a
l'Eveche continuait ses deliberations; le departemens, la commune,
toujours convoques extraordinairement, etaient en seance; le bruit n'avait
pas cesse dans les sections; et de toutes part on disait qu'on n'avait
obtenu que la moitie de ce qu'on desirait, puisque les vingt-deux
siegeaient encore dans la convention. Le trouble regnait donc toujours
dans Paris, et on s'attendait a de nouvelles scenes pour le lendemain
dimanche, 2 juin.
Toute la force positive et materielle se trouvait dans la reunion
insurrectionnelle de l'Eveche, et la force legale dans le comite de salut
public, revetu de tous les pouvoirs extraordinaires de la convention. Une
salle avait ete assignee dans la journee du 31 mai, pour que les autorites
constituees y vinssent correspondre avec le comite de salut public.
Pendant toute la journee du 1er juin, le comite de salut public ne cessa
de demander les membres de l'assemblee insurrectionnelle, pour savoir ce
que voulait encore cette commune revoltee. Ce qu'elle voulait etait trop
evident: c'etait ou l'arrestation ou la destitution des deputes qui lui
avaient si courageusement resiste. Tous les membres du comite de salut
public etaient profondement affectes de ce projet. Delmas, Treilhard,
Breard, s'en affligeaient sincerement. Cambon, grand partisan, comme il le
disait toujours, _du pouvoir revolutionnaire_, mais scrupuleusement
attache a la legalite, s'indignait de l'audace de la commune, et disait a
Bouchotte, successeur de Beurnonville, et comme Pache, complaisant des
jacobins: "Ministre de la guerre, nous ne sommes pas aveugles; je vois
tres bien que des employes de vos bureaux sont parmi les chefs et les
meneurs de tout ceci." Barrere, malgre ses menagemens accoutumes,
commencait aussi a s'indigner, et a le dire: "Il faudra voir, repetait-il,
dans cette triste journee, si c'est la commune de Paris qui represente la
republique francaise, ou si c'est la convention." Le jacobin Lacroix, ami
et lieutenant de Danton, paraissait embarrasse aux yeux de ses collegues
de l'attentat qui se preparait contre les lois et la representation
nationale. Danton, qui s'etait borne a ap
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