ne doivent rien craindre. Pache ajoute que peu lui
importe qu'on le sache muni de ces listes, car elles concernent la police
de Paris, dont il est charge. Le caractere fin et reserve de Pache ne se
dementait pas, et il voulait faire entrer tout ce qu'on exigeait de lui
dans la limite des lois et de ses fonctions.
Un membre, voyant ces precautions, lui dit alors que sans doute il n'est
pas instruit de ce qui s'est passe dans la seance de la veille, qu'il ne
connait pas l'ordre des questions, qu'il faut le lui faire connaitre, et
que la premiere a pour objet l'enlevement de vingt-deux deputes. Pache
fait observer alors que la personne de tous les deputes est confiee a la
ville de Paris; que porter atteinte a leur surete serait compromettre la
capitale avec les departemens, et provoquer la guerre civile. On lui
demande alors comment il se fait qu'il ait signe la petition presentee le
15 avril au nom des quarante-huit sections de Paris, contre les
vingt-deux. Pache repond qu'alors il fit son devoir en signant une
petition qu'on l'avait charge de presenter, mais qu'aujourd'hui la
question proposee sort des attributions de l'assemblee, reunie pour
s'occuper de l'emprunt et des suspects, et qu'il sera oblige de lever la
seance, si on persiste a s'occuper de pareilles discussions. Sur de telles
observations, il s'eleve une grande rumeur, et comme on ne peut rien faire
en presence de Pache, et qu'on n'a aucun gout a s'occuper de simples
listes de suspects, on se separe sans ajournement fixe.
Le mardi 21, il ne se trouva qu'une douzaine de membres presens a
l'assemblee. Les uns ne voulaient plus se rendre dans une reunion aussi
tumultueuse et aussi violente; les autres trouvaient qu'il n'etait pas
possible d'y deliberer avec assez d'energie.
Ce fut aux Cordeliers qu'alla se decharger, le lendemain 22, toute la
fureur des conjures. Femmes et hommes pousserent d'horribles
vociferations. C'etait une prompte insurrection qu'il fallait, et
il ne suffisait plus du sacrifice de vingt-deux deputes; on en demandait
maintenant trois cents. Une femme, parlant avec l'emportement de son sexe,
proposa d'assembler tous les citoyens sur la place de la Revolution;
d'aller porter en corps une petition a la convention, et de ne pas
desemparer qu'on ne lui eut arrache les decrets indispensables au salut
public. Le jeune Varlet, qui se montrait depuis si long-temps dans toutes
les emeutes, presenta en quelques articles un projet d'insurrection.
|