Paris avec la plus grande
tranquillite, et se laissaient conduire avec docilite par l'autorite
audacieuse qui avait pris le commandement.
Les seules sections de la Butte-des-Moulins, du Mail et des
Champs-Elysees, prononcees depuis long-temps contre la commune et la
Montagne, et un peu encouragees par l'appui des girondins dont elles
partageaient les dangers, etaient pretes a resister. Elles s'etaient
reunies en armes, et attendaient l'evenement, dans l'attitude de gens
menaces et prets a se defendre. Les jacobins, les sans-culottes, effrayes
de ces dispositions, et se les exagerant, couraient dans le faubourg
Saint-Antoine, disant que ces sections revoltees allaient arborer la
cocarde et le drapeau blancs, et qu'il fallait courir au centre de Paris
pour arreter une explosion des royalistes. Pour exciter un mouvement plus
general, on voulait faire tirer le canon d'alarme. Il etait place au
Pont-Neuf, et il y avait peine de mort contre celui qui le tirerait sans
un decret de la convention. Henriot avait ordonne de tirer; mais le
commandant du poste avait resiste a cet ordre, et demandait un decret. Les
envoyes d'Henriot etaient revenus en force, avaient vaincu la resistance
du poste, et dans le moment, le bruit du canon d'alarme se joignait a
celui du tocsin et de la generale.
La convention, reunie des le matin, comme on l'a vu, avait mande
sur-le-champ toutes les autorites, pour savoir quelle etait la situation
de Paris. Garat, present dans la salle, et occupe a observer Danton,
parait le premier a la tribune, et rapporte ce que tout le monde connait,
c'est qu'une assemblee a ete tenue a l'Eveche, qu'elle demande une
reparation des injures faites a Paris, et l'abolition de la commission des
douze. A peine Garat a-t-il acheve de parler, que les nouveaux
commissaires, se qualifiant administration du departemens de la Seine, se
presentent a la barre, et declarent qu'il ne s'agit que d'une insurrection
_toute morale_, ayant pour but la reparation des outrages faits a la ville
de Paris. Ils ajoutent que le plus grand ordre est observe, que chaque
citoyen a jure de respecter les personnes et les proprietes, que les
sections armees parcourent la ville avec calme, et que toutes les
autorites reunies viendront dans la journee faire a la convention leur
profession de foi et leurs demandes.
Le president Mallarme fait immediatement connaitre un billet du commandant
de poste au Pont-Neuf, rapportant la contestation qui s'est e
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