e donc un moyen fort simple: c'est d'enlever vingt-deux deputes, de
les transporter dans une maison des faubourgs, de les egorger, et de
supposer des lettres, pour faire accroire qu'ils ont emigre. "Nous ne
ferons pas cela nous-memes, ajoute cet homme, mais, en payant, il nous
sera facile de trouver des executeurs." Un autre membre repond aussitot
que cette mesure est inexecutable, et qu'il faut attendre que Marat et
Robespierre aient propose aux Jacobins leurs moyens d'insurrection, qui
sans doute vaudront mieux. "Silence! s'ecrient plusieurs voix, on ne doit
nommer personne." Un troisieme membre, depute de la section de 92,
represente qu'il ne convient pas d'assassiner, et qu'il y a des tribunaux
pour juger les ennemis de la revolution. A cette observation, un grand
tumulte s'eleve; on se recrie contre la doctrine de celui qui vient de
parler; on dit qu'il ne faut souffrir que des hommes qui soient a la
hauteur des circonstances, et que chacun doit denoncer son voisin s'il en
suspecte l'energie. Sur-le-champ celui qui a voulu parler des lois et des
tribunaux est chasse de l'assemblee. On s'apercoit en meme temps qu'un
membre de la section de la Fraternite, section assez mal disposee pour les
jacobins, prenait des notes, et il est expulse comme le precedent. On
continue sur le meme ton a s'occuper de la proscription des deputes, du
lieu a choisir pour cette _septembrisation_, et pour l'emprisonnement des
autres suspects, soit de la commune, soit des sections. Un membre veut que
l'execution se fasse cette nuit meme; on lui repond que ce n'est pas
possible; il replique qu'on a des hommes tout prets, et il ajoute qu'a
minuit Coligny etait a la cour, et qu'a une heure il etait mort.
Cependant le temps s'ecoule; on renvoie au lendemain l'examen de ces
divers objets, et on convient de s'occuper de trois choses: 1 deg. de
l'enlevement des deputes; 2 deg. de la liste des suspects; 3 deg. de l'epurement
de tous les bureaux et comites. On s'ajourne au lendemain six heures du
soir.
Le lendemain lundi 20, l'assemblee se reunit de nouveau. Cette fois Pache
etait present; on lui presente plusieurs listes portant des noms de toute
espece. Il observe qu'on ne doit pas les nommer autrement que listes de
suspects, ce qui etait legal, puisque les listes etaient ordonnees.
Quelques membres observent qu'il ne faut pas que l'ecriture d'aucun membre
soit connue, et qu'il faut faire recopier les listes. D'autres disent que
des republicains
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