nt apercevoir des armes cachees. Tous les hommes qui
etaient dans les tribunes se retirent comme pour aller executer un projet,
et il n'y reste que les femmes. Un grand bruit se fait au dehors, et on
entend crier _aux armes! aux armes!_ Dans ce moment plusieurs deputes
veulent representer a l'assemblee que la determination qu'elle a prise est
imprudente, qu'il faut terminer une crise dangereuse, en accordant ce qui
est demande, et en mettant en arrestation provisoire les vingt-deux
deputes accuses. "Nous irons tous, tous en prison," s'ecrie
Larevelliere-Lepaux. Cambon annonce alors que, dans une demi-heure, le
comite de salut public fera son rapport. Le rapport etait ordonne sous
trois jours, mais le danger, toujours plus pressant, avait engage les
comites a se hater. Barrere se presente en effet a la tribune, et propose
l'idee de Garat, qui la veille avait emu tous les membres du comite, que
Danton avait embrassee avec chaleur, que Robespierre avait repoussee, et
qui consistait en un exil volontaire et reciproque des chefs des deux
partis. Barrere, ne pouvant pas la proposer aux montagnards, la propose
aux vingt-deux. "Le comite, dit-il, n'a eu le temps d'eclaircir aucun
fait, d'entendre aucun temoin; mais, vu l'etat politique et moral de la
convention, il croit que la suspension volontaire des deputes designes
produirait le plus heureux effet, et sauverait la republique d'une crise
funeste, dont l'issue est effrayante a prevoir."
A peine a-t-il acheve de parler, qu'Isnard se rend le premier a la
tribune, et dit que, des qu'on mettra en balance un homme et la patrie, il
n'hesitera jamais, et que non seulement il renonce a ses fonctions, mais a
la vie, s'il le faut. Lanthenas imite l'exemple d'Isnard, et abdique ses
fonctions. Fauchet offre sa demission et sa vie a la republique.
Lanjuinais, qui ne pensait pas qu'il fallut ceder, se presente a la
tribune, et dit: "Je crois que jusqu'a ce moment j'ai montre assez
d'energie pour que vous n'attendiez de moi ni suspension, ni
demission...." A ces mots des cris eclatent dans l'assemblee. Il promene
un regard assure sur ceux qui l'interrompent. "Le sacrificateur,
s'ecrie-t-il, qui trainait jadis une victime a l'autel la couvrait de
fleurs et de bandelettes, et ne l'insultait pas.... On veut le sacrifice
de nos pouvoirs, mais les sacrifices doivent etre libres, et nous ne le
sommes pas! On ne peut ni sortir d'ici, ni se mettre aux fenetres; les
canons sont braques, on ne peut
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