sonne le caractere de representant du peuple! Jusqu'ici,
vous n'avez rien fait, vous avez tout souffert; vous avez sanctionne tout
ce qu'on a exige de vous. Une assemblee insurrectionnelle se reunit, elle
nomme un comite charge de preparer la revolte, un commandant provisoire
charge de commander les revoltes; et cette assemblee, ce comite, ce
commandant, vous souffrez tout cela!" Des cris epouvantables interrompent
a chaque instant les paroles de Lanjuinais; enfin la colere qu'il inspire
devient telle, que plusieurs deputes de la Montagne, Drouet, Robespierre,
Lejeune, Julien, Legendre, se levent de leurs bancs, courent a la tribune,
et veulent l'en arracher. Lanjuinais resiste et s'y attache de toutes ses
forces. Le desordre est dans toutes les parties de l'assemblee, et les
hurlemens des tribunes achevent de rendre cette scene la plus effrayante
qu'on eut encore vue. Le president se couvre et parvient a faire entendre
sa voix. "La scene qui vient d'avoir lieu, dit-il, est des plus
affligeantes. La liberte perira si vous continuez a vous conduire de meme;
je vous rappelle a l'ordre, vous qui vous etes ainsi portes a cette
tribune!" Un peu de calme se retablit, et Lanjuinais, qui ne craignait
pas les propositions chimeriques, quand elles etaient courageuses, demande
qu'on casse les autorites revolutionnaires de Paris, c'est-a-dire que ceux
qui sont desarmes sevissent contre ceux qui sont en armes. A peine a-t-il
acheve, que les petitionnaires de la commune se presentent de nouveau.
Leur langage est plus bref et plus energique que jamais. _Les citoyens de
Paris n'ont point quitte les armes depuis quatre jours. Depuis quatre
jours, ils reclament aupres de leurs mandataires leurs droits indignement
violes, et depuis quatre jours leurs mandataires se rient de leur calme et
de leur inaction.... Il faut qu'on mette les conspirateurs en etat
d'arrestation provisoire, il faut qu'on sauve le peuple sur-le-champ, ou
il _va se sauver lui-meme!_ A peine les petitionnaires ont-ils acheve de
parler que Billaud-Varennes et Tallien demandent le rapport sur cette
petition, seance tenante et sans desemparer. D'autres en grand nombre
demandent l'ordre du jour. Enfin, au milieu du tumulte, l'assemblee,
animee par le danger, se leve, et vote l'ordre du jour, sur le motif qu'un
rapport a ete ordonne au comite de salut public sous trois jours. A cette
decision, les petitionnaires sortent en poussant des cris, en faisant des
menaces, et en laissa
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