poignards, dont un seul armurier du
faubourg Saint-Antoine avait fabrique plusieurs centaines. De part et
d'autre, on marchait en armes, et avec tous les moyens d'attaquer et de se
defendre. Il n'y avait encore aucun complot d'arrete, mais les passions en
etaient a ce point d'exaltation ou le moindre evenement suffit pour amener
une explosion. Aux Jacobins, on proposait des moyens de toute espece. On
pretendait que les actes d'accusation diriges par la commune contre les
vingt-deux ne les empechaient pas de sieger encore, et que, par
consequent, il fallait un acte d'energie populaire; que les citoyens
destines a la Vendee ne devaient pas partir avant d'avoir sauve la patrie;
que le peuple pouvait la sauver, mais qu'il etait necessaire de lui en
indiquer les moyens, et que pour cela il fallait nommer un comite de cinq
membres, auquel la societe permettrait d'avoir des secrets pour elle.
D'autres repondaient qu'on pouvait tout dire dans la societe, qu'il etait
inutile de vouloir rien cacher, et qu'il etait temps d'agir a decouvert.
Robespierre, qui trouvait ces declarations imprudentes, s'opposait a ces
moyens illegaux; il demandait si on avait epuise tous les moyens utiles et
plus surs qu'il avait proposes. "Avez-vous organise, leur disait-il, votre
armee revolutionnaire? Avez-vous fait ce qu'il fallait pour payer les
sans-culottes appeles aux armes ou siegeant dans les sections? Avez-vous
arrete les suspects? avez-vous couvert vos places publiques de forges et
d'ateliers? Vous n'avez donc employe aucune des mesures sages et
naturelles qui ne compromettraient pas les patriotes, et vous souffrez que
des hommes qui n'entendent rien a la chose publique vous proposent des
mesures qui sont la cause de toutes les calomnies repandues contre vous!
Ce n'est qu'apres avoir epuise tous les moyens legaux, qu'il faut recourir
aux moyens violens, et encore ne faut-il pas les proposer dans une societe
qui doit etre sage et politique. Je sais, ajoutait Robespierre, qu'on
m'accusera de _moderantisme_, mais je suis assez connu pour ne pas
craindre, de telles imputations."
Ici, comme avant le 10 aout, on sentait le besoin de prendre un parti, on
errait de projets en projets, on parlait d'un lieu de reunion pour
parvenir a s'entendre. L'assemblee de la mairie avait ete formee, mais le
departemens n'y etait pas present; un seul de ses membres, le jacobin
Dufourny, s'y etait rendu; plusieurs sections y manquaient; le maire n'y
avait pas encor
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