onciliateur de Barrere. Rien n'etait plus
ordinaire que de nommer des commissions: a chaque evenement, a chaque
danger, pour chaque besoin, on creait un comite charge d'y pourvoir, et
des que des individus etaient nommes pour executer une chose, l'assemblee
semblait croire que la chose serait executee, et que des comites auraient
pour elle ou du courage, ou des lumieres, ou des forces. Celui-ci devait
ne pas manquer d'energie, et il etait compose de deputes appartenant
presque tous au cote droit. On y comptait entre autres Boyer-Fonfrede,
Rabaut Saint-Etienne, Kervelegan, Henri Lariviere, tous membres de la
Gironde. Mais l'energie meme de ce comite allait lui etre funeste.
Institue pour mettre la convention a couvert des mouvemens des jacobins,
il allait les exciter davantage, et augmenter le danger meme qu'il etait
destine a ecarter. Les jacobins avaient menace les girondins par leurs
cris de chaque jour; les girondins rendaient la menace, en instituant une
commission, et a cette menace les jacobins allaient repondre enfin, par
un coup fatal, en faisant le 31 mai et le 2 juin.
A peine cette commission fut-elle instituee, que les societes populaires
et les sections crierent, comme d'usage, a l'inquisition et a la loi
martiale. L'assemblee de la mairie, ajournee au dimanche 19, se reunit en
effet, et fut plus nombreuse que dans les seances precedentes. Cependant
le maire n'y etait pas, et un administrateur de police presidait. Quelques
sections manquaient au rendez-vous, et il n'y en avait guere que
trente-cinq qui eussent envoye leurs commissaires. L'assemblee se
qualifiait de _comite central revolutionnaire_. On y convient d'abord de
ne rien ecrire, de ne tenir aucun registre, et d'empecher quiconque voudra
se retirer de sortir avant la fin de la seance. On songe ensuite a fixer
les objets dont il faut s'occuper. L'objet reel et annonce etait l'emprunt
et la liste des suspects; neanmoins, des les premieres paroles, on
commence a dire que les patriotes de la convention sont impuissans pour
sauver la chose publique, qu'il est necessaire de suppleer a leur
impuissance, et qu'il faut pour cela rechercher les hommes suspects, soit
dans les administrations, soit dans les sections, soit dans la convention
elle-meme, et s'emparer d'eux pour les mettre dans l'impossibilite de
nuire. Un membre, parlant froidement et lentement, dit qu'il ne connait de
suspects que dans la convention, et que c'est la qu'il faut frapper. Il
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