e poste plutot que d'abandonner la chose publique!" On
se leve aussitot avec des acclamations, et on prete le serment propose par
Vergniaud. On dispute ensuite sur la proposition de mander le
commandant-general a la barre. Danton, sur lequel tousvles regards etaient
fixes dans cet instant, et a qui les girondins et les montagnards
semblaient demander s'il etait l'auteur des mouvemens de la journee, se
presente a la tribune, et obtient aussitot une profonde attention. "Ce
qu'il faut avant tout, dit-il, c'est de supprimer la commission des douze.
Ceci est bien autrement important que de mander a la barre le
commandant-general. C'est aux hommes doues de quelques vues politiques que
je m'adresse. Mander Henriot ne fera rien a l'etat des choses, car il ne
faut pas s'adresser a l'instrument, mais a la cause des troubles. Or la
cause est cette commission des douze. Je ne pretends pas juger sa conduite
et ses actes; ce n'est pas comme ayant commis des arrestations arbitraires
que je l'attaque, c'est comme impolitique que je vous demande de la
supprimer.--Impolitique! s'ecrie-t-on a droite, nous ne comprenons pas
cela!--Vous ne le comprenez pas! reprend Danton; il faut donc vous
l'expliquer. Cette commission n'a ete instituee que pour reprimer
l'energie populaire; elle n'a ete concue que dans cet esprit de
_moderantisme_ qui perdra la revolution et la France. Elle s'est attachee
a poursuivre des magistrats energiques dont tout le tort etait de
reveiller l'ardeur du peuple. Je n'examine pas encore si elle a dans ses
poursuites obei a des ressentimens personnels, mais elle a montre des
dispositions qu'aujourd'hui nous devons condamner. Vous-memes, sur le
rapport de votre ministre de l'interieur, dont le caractere est si doux,
dont l'esprit est si impartial, si eclaire, vous avez elargi des hommes
que la commission des douze avait renfermes. Que faites-vous donc de la
commission elle-meme, puisque vous annulez ses actes?... Le canon a tonne,
le peuple s'est souleve, mais il faut remercier le peuple de son energie,
dans l'interet de la cause meme que nous defendons; et, si vous etes des
_legislateurs politiques_, vous applaudirez vous-memes a son ardeur, vous
reformerez vos propres erreurs, et vous abolirez votre commission. Je ne
m'adresse, repete encore Danton, qu'a ces hommes qui ont quelque
intelligence de notre situation, et non a ces etres stupides qui, dans ces
grands mouvemens, ne savent ecouter que leurs passions. N'hesitez
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