rs, car elle ne
touchait qu'a l'Italie, ou rien ne se tramait, et son port n'interessait
pas les Anglais comme celui de Toulon. Les menees secretes n'y avaient
donc pas autant effarouche les esprits qu'a Lyon et Paris, et la
municipalite, faible et menacee, etait pres d'etre destituee par les
sections toutes puissantes. Le depute Moise-Bayle, assez mal recu, avait
trouve la beaucoup d'ardeur pour le recrutement, mais un devouement absolu
pour la Gironde.
A partir du Rhone, et de l'est a l'ouest jusqu'aux bords de l'Ocean,
cinquante ou soixante departemens manifestaient les memes dispositions. A
Bordeaux enfin l'unanimite etait complete. La, les sections, la
municipalite, le club principal, tout le monde etait d'accord pour
combattre la violence montagnarde et pour soutenir cette glorieuse
deputation de la Gironde, a laquelle on etait si fier d'avoir donne le
jour. Le parti contraire n'avait trouve d'asile que dans une seule
section, et partout ailleurs il se trouvait impuissant et condamne au
silence. Bordeaux ne demandait ni taxe, ni denrees, ni tribunal
revolutionnaire, et preparait a la fois des petitions contre la commune de
Paris, et des bataillons pour le service de la republique.
Mais le long des cotes de l'Ocean, en tirant de la Gironde a la Loire, et
de la Loire aux bouches de la Seine, se presentaient des opinions bien
differentes et des dangers bien plus grands. La, l'implacable Montagne ne
rencontrait pas seulement pour obstacle le republicanisme clement et
genereux des girondins, mais le royalisme constitutionnel de 89, qui
repoussait la republique comme illegale, et le fanatisme des temps
feodaux, qui etait arme contre la revolution de 93, contre la revolution
de 89, et qui ne reconnaissait que l'autorite temporelle des chateaux, et
l'autorite spirituelle des eglises.
Dans la Normandie, et particulierement a Rouen, qui etait la principale
ville, on avait voue un grand attachement a Louis XVI, et la
constitution de 1790 avait reuni tous les voeux qu'on formait pour la
liberte et pour le trone. Depuis l'abolition de la royaute et de la
constitution de 1790, c'est-a-dire depuis le 10 aout, il regnait en
Normandie un silence improbateur et menacant. La Bretagne offrait des
dispositions encore plus hostiles, et le peuple y etait domine par
l'influence des pretres et des seigneurs. Plus pres des rives de la Loire,
cet attachement allait jusqu'a l'insurrection, et enfin sur la rive gauche
de ce fleuve, dans
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