es villes on etait pret a en venir aux mains pour ces questions.
Cependant les sections etaient si fortes par le nombre, qu'elles
dominaient l'energie des municipalites. Les deputes montagnards, envoyes
pour presser le recrutement et ranimer le zele revolutionnaire,
s'effrayaient de cette resistance, et remplissaient Paris de leurs
alarmes.
Telle etait la situation de presque toute la France, et la maniere dont
elle etait partagee. La lutte se montrait plus ou moins vive, et les
partis plus ou moins menacans, selon la position et les dangers de chaque
ville. La ou les dangers de la revolution paraissaient plus grands, les
jacobins etaient plus portes a employer des moyens violens, et par
consequent la masse moderee plus disposee a leur resister. Mais ce qui
exasperait surtout les passions revolutionnaires, c'etait le danger des
trahisons interieures, plus encore que le danger de la guerre etrangere.
Ainsi sur la frontiere du Nord, menacee par les armees ennemies, et peu
travaillee par l'intrigue, on etait assez d'accord; les esprits se
reunissaient dans le voeu de la defense commune, et les commissaires
envoyes depuis Lille jusqu'a Lyon, avaient fait a la convention des
rapports assez satisfaisans. Mais a Lyon, ou des menees secretes
concouraient avec la position geographique et militaire de cette ville
pour y rendre le peril plus grand, on avait vu s'elever des orages aussi
terribles que ceux de Paris. Par sa position a l'est, et par son voisinage
du Piemont, Lyon avait toujours fixe les regards de la contre-revolution.
La premiere emigration de Turin voulut y operer un mouvement en 1790, et y
envoyer meme un prince francais. Mirabeau en avait aussi projete un a sa
maniere. Depuis que la grande emigration s'etait transportee a Coblentz,
un agent avait ete laisse en Suisse pour correspondre avec Lyon, et par
Lyon avec le camp de Jalles et les fanatiques du midi. Ces menees
provoquerent une reaction de jacobinisme, et les royalistes firent naitre
a Lyon des montagnards. Ceux-ci occupaient un club appele _club central_,
et compose des envoyes de tous les clubs de quartier. A leur tete se
trouvait un Piemontais qu'une inquietude naturelle avait entraine de pays
en pays, et fixe enfin a Lyon, ou il avait du a son ardeur revolutionnaire
d'etre nomme successivement officier municipal, et president du tribunal
civil. Son nom etait _Chalier_. Il tenait dans le _club central_ un
langage qui, chez les jacobins de Paris, l'aurait
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