onsieur mon mari, du notaire, du percepteur et du cure?
--Jaloux! s'ecria le mari. Grace a Dieu, vous etes de celles qui
commandent le respect.
--Vous croyez?
Il faudrait une grande actrice pour bien dire ce mot comme le dit la
jeune femme; mais le mari ne comprit pas.
III
Quelques jours apres, Mme Leonce Falbert recevait a diner, dans son
incomparable salle a manger des champs, le cure, le notaire, le
percepteur et le sous-lieutenant.
Elle s'etonna d'abord de trouver que ces gens-la n'etaient pas beaucoup
plus betes que les Parisiens. Il est vrai que le cure avait etudie au
seminaire de Saint-Sulpice, le notaire dans une etude de Paris et le
percepteur--c'etait bien mieux--etait ne rue Richelieu et avait fait son
stage au ministere des finances. Je ne parle pas du sous-lieutenant, qui
portait bien sa tete et son sabre.
On dina donc gaiement. Angele trouva que le notaire n'etait pas trop
timbre et que le percepteur nouait galamment sa cravate blanche. Le
cure n'avait pas trop preche, parce qu'il buvait doctement. Le
sous-lieutenant se grisa.
Quant tout le monde fut parti:
--Eh bien! Angele, je suis enchante de tous les quatre;
recommencerons-nous?
--Toutes les semaines.
Ce fut avec le cure que le notaire fit la visite "de bonne digestion".
Le percepteur vint tout seul.
Tout justement Leonce venait de partir pour Paris. Aussi Angele
retint-elle le visiteur pendant toute une heure. Etait-ce pour lui ou
pour son frere?
Ce magistrat de la cote personnelle etait un gamin de Paris qui cassait
les vitres sans savoir s'il les payerait. Il ne doutait de rien et
s'aventurait en tout. La jeune femme, deja ennuyee, eprouva un vif
plaisir a ce jabotage a la diable.
Le percepteur avait vu tout de suite qu'on pouvait se risquer a "la
blague" avec cette gentille diablesse. Il fut eblouissant contre tout
attente, non pas qu'il ne repandit beaucoup de similor dans la causerie,
mais, loin de Paris, c'etait encore de la vraie monnaie.
Quand il s'en alla, Angele sentit le froid tomber autour d'elle.
Mais, par bonheur, le sous-lieutenant parut a son tour et commenca
le siege de cette jeune vertu. Angele lui fit comprendre qu'il ne la
prendrait pas d'assaut. Mais elle lui avoua qu'elle aimait a voir les
travaux du siege.
Revint Leonce, plus passionne que jamais. Tout un jour sans voir sa
femme! Il la trouva plus distraite que la veille.
--Angele, tu ne m'aimes pas?
Il se jeta a ses pieds et lui
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