il attendit en securite les nouvelles qui
devaient decider son depart.
Nelson, apres avoir parcouru l'Archipel, apres etre retourne dans
l'Adriatique, a Naples, en Sicile, avait obtenu enfin la certitude
du debarquement des Francais a Alexandrie. Il prit aussitot cette
direction, afin de joindre leur escadre et de la combattre. Il envoya
une fregate pour la chercher et reconnaitre sa position. Cette fregate
l'ayant trouvee dans la rade d'Aboukir, put observer tout a l'aise notre
ligne d'embossage. Si l'amiral, qui avait dans le port d'Alexandrie une
multitude de fregates et des vaisseaux legers, avait eu la precaution
d'en garder quelques-uns a la voile, il aurait pu tenir les Anglais
toujours eloignes, les empecher d'observer sa ligne, et etre averti de
leur approche. Malheureusement il n'en fit rien. La fregate anglaise,
apres avoir acheve sa reconnaissance, retourna vers Nelson, qui, etant
informe de tous les details de notre position, manoeuvra aussitot vers
Aboukir. Il y arriva le 14 thermidor (1er aout), vers les six heures du
soir. L'amiral Brueys etait a diner; il fit aussitot donner le signal
du combat. Mais on s'attendait si peu a recevoir l'ennemi, que le
branle-bas n'etait fait sur aucun vaisseau, et qu'une partie des
equipages etait a terre. L'amiral envoya des officiers pour faire
rembarquer les matelots et pour reunir une partie de ceux qui etaient
sur les convois. Il ne croyait pas que Nelson osat l'attaquer le soir
meme, et il croyait avoir le temps de recevoir les renforts qu'il venait
de demander.
Nelson resolut d'attaquer sur-le-champ, et de tenter une manoeuvre
audacieuse, de laquelle il esperait le succes de la bataille. Il voulait
aborder notre ligne par la gauche, c'est-a-dire par l'ilot d'Aboukir,
passer entre cet ilot et notre escadre, malgre les dangers des
bas-fonds, et se placer ainsi entre le rivage et notre ligne
d'embossage. Cette manoeuvre etait perilleuse, mais l'intrepide Anglais
n'hesita pas. Le nombre des vaisseaux etait egal des deux cotes,
c'est-a-dire de treize vaisseaux de haut-bord. Nelson attaqua vers huit
heures du soir. Sa manoeuvre ne fut d'abord pas heureuse. _Le Culloden_,
en voulant passer entre l'ilot d'Aboukir et notre ligne, echoua sur un
bas-fonds. _Le Goliath_ qui le suivait, fut plus heureux, et passa;
mais pousse par le vent, il depassa notre premier vaisseau, et ne put
s'arreter qu'a la hauteur du troisieme. Les vaisseaux anglais _le Zele_,
_l'Audacieux_, _le
|