acceptation de l'arbitrage
et sur les anciens traites, condamna les Grisons par defaut, declara
les Valtelins libres, et leur permit de se reunir a la Cisalpine. Cette
sentence fondee en droit et en equite, fit une vive sensation en Europe.
Elle epouvanta l'aristocratie de Berne, rejouit les vaudois, et ajouta a
la Cisalpine une population riche, brave et nombreuse.
Genes le prenait en meme temps pour son conseiller dans le choix d'une
constitution. Genes n'etant point conquise, pouvait se choisir ses lois,
et ne dependait pas du directoire sous ce rapport. Les deux partis
aristocratique et democratique etaient la aux prises. Une premiere
revolte avait eclate, comme on l'a vu, au mois de mai; il y en eut
une seconde plus generale dans la vallee de la Polcevera, qui faillit
devenir fatale a Genes. Elle etait excitee par les pretres contre la
constitution nouvelle. Le general francais Duphot, qui se trouvait la
avec quelques troupes, retablit l'ordre. Les Genois s'adresserent a
Bonaparte, qui leur repondit une lettre severe, pleine de conseils fort
sages, et dans laquelle il reprimait leur fougue democratique. Il fit
des changemens dans leur constitution; au lieu de cinq magistrats
charges du pouvoir executif, il n'en laissa que trois; les membres des
conseils furent moins nombreux; le gouvernement fut organise d'une
maniere moins populaire, mais plus forte. Bonaparte fit accorder plus
d'avantages aux nobles et aux pretres, pour les reconcilier avec
le nouvel ordre de choses; et comme on avait voulu les exclure des
fonctions publiques, il blama cette pensee. _Vous feriez_, ecrivait-il
aux Genois, _ce qu'ils ont fait eux-memes_. Il publia avec intention la
lettre ou etait renfermee cette phrase. C'etait un blame dirige contre
ce qui se faisait a Paris a l'egard des nobles. Il etait charme
d'intervenir ainsi d'une maniere indirecte dans la politique, de donner
un avis, de le donner contraire au directoire, et surtout de se
detacher sur-le-champ du parti victorieux; car il affectait de rester
independant, de n'approuver, de ne servir aucune faction, de les
mepriser, de les dominer toutes.
Tandis qu'il etait ainsi legislateur, arbitre, conseiller des peuples
italiens, il s'occupait d'autres soins non moins vastes, et qui
decelaient une prevoyance bien autrement profonde. Il s'etait empare de
la marine de Venise, et avait mande l'amiral Brueys dans l'Adriatique,
pour prendre possession des iles venitiennes de la Grece. Il a
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