epouvantable
extase.
--Vous dites, gronda-t-il, que je serai absous de tout mon passe?...
--Tu seras absous!...
--Et que cette execution est la derniere... qu'apres cette femme je ne
tuerai plus personne?...
--Cette femme sera ta derniere victime!
--Qu'elle meure donc, rugit maitre Claude, en se dirigeant vers la
chambre des executions.
C'etait une large piece au plancher mal equarri, au milieu duquel
apparaissaient les rainures d'une trappe fermee. Il y avait un anneau a
cette trappe. Une corde y etait adaptee; elle montait droit au plafond,
puis, par un systeme de poulies, descendait le long d'une paroi ou elle
etait fixee a un gros clou par un noeud. Il n'y avait qu'a defaire ce
noeud: la corde glissait dans ses poulies, et le couvercle de la trappe,
n'etant plus soutenu par elle, s'abaissait, retombait...
Quiconque se trouvait alors sur ce couvercle etait precipite... En bas,
la Seine coulait avec de sourdes lamentations, des clapotis pareils a
des maledictions.
En entrant, le bourreau apercut au milieu de la salle, dans la livide
clarte diffuse, celle qu'il allait tuer. Elle etait etendue sur le
plancher, evanouie de terreur sans doute.
Il frissonna longuement. Puis il se dirigea vers le clou auquel etait
accrochee la corde qui soutenait la trappe!... Mais, pour y aller, il
fit un long detour, sans regarder la victime... La sueur coulait a
grosses gouttes sur son visage... Et ce fut ainsi qu'il atteignit la
corde. Sans oser se retourner, il porta une main tremblante sur le
noeud, qu'il commenca a defaire... A ce moment, la condamnee, la
victime, poussa un soupir.
"Elle se reveille... Il faut que je la tue avant de la precipiter...
Elle pourrait se sauver!.. Et puis... elle souffrirait trop... je dois
tuer, non faire souffrir!..." ajouta-t-il grelottant.
Alors il se retourna, bondit jusqu'a la condamnee, et s'agenouilla
ou plutot s'accroupit pres d'elle disposant les cordelettes de
l'etranglement!...
La victime fit un mouvement... Des paroles a peine begayees parvinrent
jusqu'a l'oreille du bourreau.
"Adieu, mere... ma mere cherie... Pere! Ou es-tu?..."
"Elle appelle sa mere, haleta le bourreau. Comme sa voix est douee et
comme elle me remue le coeur!..."
Une irresistible curiosite s'emparait de lui! Voir! oh! voir le visage
de cette victime... Lire peut-etre sur sa figure le crime qui la
condamnait. Il resistait encore a la tentation que, deja, ses doigts
avaient delie le cordon
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