donne
ses ordres avant d'entrer. Ils n'avancaient pas!... Mais Claude les vit
appreter leurs armes!
--Attention! commanda une voix rude.
A cet instant, les quinze gardes entendirent un hurlement, ils virent
une ombre geante qui bondissait; dans la meme seconde, ils firent feu!
Le tonnerre des quinze arquebuses eclata! La sinistre chambre s'emplit
d'une fumee noire!... Et les gardes, alors, sortirent...
Fausta demeura seule, immobile, un mysterieux sourire aux levres.
Lentement, les volutes de fumee se dissiperent... Alors, elle chercha
les cadavres de Claude et de Violetta... Et elle ne les vit pas!...
Violetta et Claude avaient disparu!...
Les yeux de Fausta errerent, fouillerent les coins sombres... et
enfin... s'arreterent sur la trappe, au milieu de la piece... la trappe
etait ouverte!...
Fausta s'approcha, se pencha, ecouta et demeura la, inclinee sur ce
gouffre noir, au fond duquel, sans doute, tournoyaient maintenant les
cadavres enlaces...
VI
LA BONNE HOTESSE
En se separant de Crillon dans la plaine des Tuileries, le chevalier de
Pardaillan et le duc d'Angouleme longerent les fosses et rentrerent dans
Paris par la porte Montmartre. Ils traverserent la ville, parvinrent
dans la rue des Barres situee entre la Seine et Saint-Paul, et
penetrerent dans une maison de bourgeoise apparence ou, la veille, apres
leur rencontre avec Henri III, ils etaient descendus tout droit.
Cette maison appartenait a Marie Touchet, mere du jeune duc, et lui
avait ete donnee par Charles IX. Elle etait donc toute pleine des
souvenirs de ce roi mort si jeune, d'une mort si effrayante, apres la
sanglante tragedie de la Saint-Barthelemy.
Charles, qui avait pour camarades une foule de jeunes seigneurs dans
l'Orleanais et l'Ile-de-France, ne se savait qu'un ami: Pardaillan. Et,
pourtant, ce Pardaillan, il ne le connaissait que depuis une dizaine
de jours: un soir, le chevalier etait passe par Orleans et avait fait
visite a l'amante du feu roi Charles IX. Marie Touchet avait raconte
a son fils ce qu'elle savait de Pardaillan, et le jeune duc l'avait
ecoutee comme on ecoute quelque heroique passage d'un poeme de
chevalerie. Puis, lorsque le lendemain, apres la scene ou fut decide son
depart, Charles d'Angouleme s'etait mis en route. Marie avait leve ses
yeux suppliants sur le chevalier, comme pour lui dire:
--J'hesitais a laisser partir mon enfant... mais je n'aurai plus peur si
vous lui accordez votre amitie.
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