FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   94   >>  
ublions, et nous faisons des projets pour l'avenir, si proche qu'il puisse etre. Cette idee-la a quelque chose d'effrayant quand on la regarde en face! Mon langage doit bien fort vous surprendre, n'est-ce pas, mon amie? Vous, si rieuse et charmante, si adulee, pour qui l'hiver prochain s'annonce, ainsi que ceux qui l'ont precede, escorte de son grand luxe et de ses parures, avec ses salons inondes de lumiere et remplis d'entrainantes harmonies; vous, heureuse, qui n'entrevoyez la vie qu'a travers les feuillages aux seduisantes couleurs de vos roses d'Enghien et de vos camellias de Paris. Vous n'etiez guere habituee a m'entendre parler ainsi, du temps ou nous etions reunies? Mais c'est qu'il est survenu dans mon existence bien des choses depuis ce temps-la. Je n'irai plus dans le monde avec vous, ma Cecile. Nous n'irons plus toutes deux autour des lacs, ni au theatre, ni dans aucune fete. Tout cela est perdu pour moi. Je ne sais meme pas s'il me sera possible de retourner encore a Paris, malgre tout mon desir de vous revoir et de vous embrasser, et de reprendre nos causeries d'autrefois, dont je garderai le souvenir tant que je vivrai. Tant que je vivrai! je suis folle de venir vous attrister avec mes idees noires. Je le sais bien, mais j'ai tellement besoin de m'epancher, de parler de mes sentiments et de mes peines! Mes peines ... j'ai tort de parler de la sorte. Quelles sont-elles? Je n'en ai pas, en realite. Mais, malgre moi, une tristesse profonde, que le docteur veut appeler: du calme, reflete palement sur tout ce qui me touche. Vous vous rappelez que je fus obligee de vous quitter a la fin de l'hiver dernier pour venir en toute hate aupres d'une vieille tante, qui se mourait. C'etait la seule parente qui me restat du cote de ma mere, et c'est chez elle que j'ai ete soignee pendant mon enfance et elevee, sinon avec tendresse, avec affection du moins. Elle etait bien vieille, la pauvre femme; et elle s'est eteinte plutot qu'elle n'est morte. Moi, j'ai passe de longues nuits a son chevet, et je n'etais pas d'un temperament assez robuste pour supporter la moindre fatigue. Et puis, il me manquait quelque chose sur cette terre. Je n'avais pas, comme vous, un mari dont l'amour put repondre au mien. M. Dalmay a l'air de vous aimer tant! Vous devez etre bien heureuse, Cecile! Quant a moi, vous le savez, je n'ai jamais connu ce que c'est qu'etre aimee. J'ai fait, tres-jeune encore, un mariage de raison, comme dis
PREV.   NEXT  
|<   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   94   >>  



Top keywords:

parler

 

heureuse

 
peines
 
vivrai
 

malgre

 

encore

 

Cecile

 

vieille

 

quelque

 

obligee


rappelez
 

touche

 

quitter

 

jamais

 
aupres
 
dernier
 

reflete

 

raison

 

realite

 

mariage


Quelles

 

tristesse

 

appeler

 

Dalmay

 

profonde

 

docteur

 

palement

 

eteinte

 

plutot

 

pauvre


tendresse

 
affection
 

temperament

 

robuste

 

supporter

 

fatigue

 

longues

 

chevet

 

manquait

 

repondre


restat

 

moindre

 

parente

 

enfance

 

elevee

 

pendant

 

soignee

 
mourait
 

inondes

 

salons