ent avouer. Sans
punir ceux qui l'avaient attaquee, la convention se contentait de
recompenser ceux qui l'avaient defendue; elle declara qu'ils avaient
bien merite de la patrie; elle leur vota des secours, et fit un accueil
brillant a Barras et a Bonaparte. Barras, deja celebre depuis le 9
thermidor, le devint beaucoup plus encore par la journee de vendemiaire;
on lui attribua le salut de la convention. Cependant il ne craignit pas
de faire part d'une portion de sa gloire a son jeune lieutenant. "C'est
le general Bonaparte, dit-il, dont les dispositions promptes et savantes
ont sauve cette enceinte." On applaudit ces paroles. Le commandement de
l'armee de l'interieur fut confirme a Barras, et le commandement en
second a Bonaparte.
Les intrigans royalistes eprouverent un singulier mecompte en voyant
l'issue de l'insurrection du 13. Ils se haterent d'ecrire a Verone
qu'ils avaient ete trompes par tout le monde; que l'argent avait manque;
que _la ou il fallait de l'or, on avait a peine du vieux linge; que les
deputes monarchiens, ceux desquels ils avaient des promesses, les
avaient trompes, et avaient joue un jeu infame_; que _c'etait une race
jacobinaire_ a laquelle il ne fallait pas se fier; que malheureusement
on n'avait pas assez _compromis_ et _engage_ ceux qui voulaient servir
la cause; que _les royalistes de Paris a collet noir, a collet vert et a
cadenettes, qui etalaient leurs fanfaronnades aux foyers des spectacles,
etaient alles, au premier coup de fusil, se cacher sous le lit des
femmes qui les souffraient_.
Lemaitre, leur chef, venait d'etre arrete avec d'autres instigateurs de
la section Lepelletier. On avait saisi chez lui une quantite de papiers:
les royalistes craignaient que ces papiers ne trahissent le secret du
complot, et surtout que Lemaitre ne parlat lui-meme. Cependant ils ne
perdirent pas courage; leurs affides continuerent d'agir aupres des
sectionnaires. L'espece d'impunite dont ceux-ci jouissaient les avait
enhardis. Puisque la convention, quoique victorieuse, n'osait pas les
frapper, elle reconnaissait donc que l'opinion etait pour eux; elle
n'etait donc pas sure de la justice de sa cause, puisqu'elle hesitait.
Quoique vaincus, ils etaient plus fiers et plus hauts qu'elle, et ils
reparurent dans les assemblees electorales, pour y faire des elections
conformes a leurs voeux. Les assemblees devaient se former le 20
vendemiaire, et durer jusqu'au 30; le nouveau corps legislatif devait
etre reu
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