ientifique a ce qui
n'existait chez Bernardin qu'a l'etat de vue attrayante et passagere;
Lamartine, de son cote, a repris en pur poete bien des inspirations
de Bernardin, et les a rajeunies, fecondees. Mais cette union, chez
Bernardin, du demi-savant, du poete et du peintre, cette combinaison
mixte qui ne pouvait se transmettre ni faire ecole utilement, soit pour
les savants, soit pour les poetes, fut du moins belle et seduisante
en lui. Tant de notions amassees de partout sur les plantes, sur les
climats, tant de maximes morales sur la societe et sur l'homme, ce
melange de verites, d'hypotheses et de chimeres, venant a se rencontrer
sous des inclinaisons favorables vers l'horizon attiedi, peignirent
divinement le nuage et firent tout d'abord arc-en-ciel.
[Note 60: La _Priere a Dieu_ qui termine la premiere _Etude de la
Nature:_ "Les riches et les puissants croient qu'on est miserable...",
n'est autre chose qu'une copie abregee, intelligente et pleine de gout,
une copie, accommodee au XVIIIe siecle, de la _Priere a Dieu_, plus
mystique, qui termine la premiere partie du traite de _l'Existence de
Dieu_ par Fenelon. Rien de plus piquant que les deux morceaux mis en
regard avec les suppressions et les arrangements de Bernardin; mais le
fond est textuellement le meme. L'honneur de cette remarque, qui avait
echappe a nos meilleurs critiques, revient a M. Piccolos, Grec erudit
(voir page 364 de la seconde edition de sa traduction de _Paul et
Virginie_ en grec moderne, chez Didot, 1841). Les notes de cette
traduction seraient bonnes a consulter pour les editeurs de Bernardin de
Saint-Pierre.]
L'arc-en-ciel est reste et se voit encore. Les _Etudes_, si incompletes
qu'elles paraissent a trop d'egards, demeurent comme une revelation de
la nature, qui ne se trouve que la. Quiconque est sensible de coeur,
quiconque est ne voyageur par instinct ou poete, lit un jour Bernardin
et est initie par lui. Si ce peintre harmonieux manquait, on chercherait
vainement ailleurs une impression pareille, soit dans Jean-Jacques,
soit dans Chateaubriand. Nul autre que lui n'a egalement chastete et
mollesse. Lamartine, qui nous offre tant de parente de genie avec
l'auteur des _Etudes_, est moins exclusivement un peintre, et sa poesie
suscite des emotions elegiaques plus compliquees. Quelle est donc
l'innocente et poetique enfance dans laquelle Bernardin de Saint-Pierre
et ses _Etudes_ n'aient pas ete une heure memorable et charmante, comme
le p
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