rent du but egalitaire. Ne jouons pas au plus
fin avec nos ennemis. C'est en cherchant a duper que l'on devient dupe.
Telle est la morale que nous trouvons dans l'oeuvre de Nieuwenhuis.
Lisez-la, vous tous que possede la passion de la verite et qui ne la
cherchez pas dans une proclamation de dictateur ni dans un programme
ecrit par tout un conseil de grands hommes.
Elisee RECLUS.
I
LES DIVERS COURANTS
DE LA DEMOCRATIE SOCIALISTE ALLEMANDE
Au Congres des democrates-socialistes allemands tenu a Erfurt en 1891,
une lutte s'est engagee, qui interesse au plus haut degre le mouvement
socialiste du monde entier, car, avec une legere nuance de terminologie,
elle se reproduit identiquement entre les differentes fractions du parti
socialiste.
D'un cote (a droite) etait Vollmar, l'homme que l'on s'attendait a voir
sous peu se mettre a la tete des radicaux, comme, du reste, il l'avait
deja fait pressentir au Congres de Halle. Il fit un discours qui, sous
plus d'un rapport, etait un veritable chef-d'oeuvre, demontrant qu'il
etait parfaitement en etat de se defendre. De l'autre cote il y avait
Wildberger, montant a la tribune comme porte-parole de l'opposition
berlinoise. Et entre eux Bebel et Liebknecht, pris entre l'enclume et le
marteau, apparaissaient comme de tristes temoignages d'insexualite.
Une lecture consciencieuse du compte-rendu du Congres--dont nous avons
attendu la publication pour ne pas baser notre jugement sur des extraits
de journaux--nous remplit d'une certaine pitie envers des hommes qui,
durant de longues annees, ont defendu et dirige le mouvement en
Allemagne et qui, a present, occupent le "juste milieu" et ont ete
attaques des deux cotes a la fois.
Vollmar disait ne desirer "aucune tactique nouvelle", il ajoutait qu'il
"se reclamait de la ligne de conduite suivie jusqu'ici, mais qu'il en
voulait la continuation logique". Et pourtant Bebel lui repondait que:
"Si le parti suivait la tactique de Vollmar, en concentrant toute son
agitation sur la lutte pour ces cinq articles du programme[1] et
abandonnait provisoirement le veritable but, cela ferait une agitation
qui, d'apres mon opinion (dit Bebel), aboutirait fatalement a la
decomposition du parti. Cela signifierait l'abandon complet de notre but
final. Nous agirions dans ce cas tout a fait autrement que nous ne le
devrions et que nous l'avons fait jusqu'ici. Nous avons toujours lutte
pour obtenir le plus possible de l'Etat actuel, s
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