enfermes dans leurs retranchemens; mais en etant
sortis, ils se presenterent en ordre de bataille. L'action devint
generale; on se battit de part et d'autre avec beaucoup de courage: ces
braves croises se surpasserent en quelque sorte eux-memes, a l'exemple
de leur saint roi, qu'on voyait toujours le premier partout. Les
Egyptiens, apres une opiniatre resistance, se virent enfin forces de
se retirer en desordre. Ceux qui echapperent au glaive des vainqueurs
prirent la fuite. Le carnage fut grand de leur cote: ils perdirent,
entr'autres generaux, le commandant de Damiette et deux emirs
tres-distingues parmi eux. Ils ne furent pas plus heureux sur la mer.
Leurs navires resisterent quelque temps, et leurs machines firent
beaucoup de fracas; mais celles des Francais lancerent de grosses
pierres et des feux d'artifice avec tant de promptitude, d'adresse et de
bonheur, que les infideles, maltraites partout, furent obliges de plier,
apres un combat de plusieurs heures. L'abordage acheva leur deroute; une
partie de leurs vaisseaux fut prise ou coulee a fond; l'autre remonta le
Nil, et les croises demeurerent maitres de l'embouchure.
Pendant que les croises etaient occupes a faire leur descente, les
generaux sarrasins avaient envoye trois fois au soudan pour lui rendre
compte de ce qui se passait, et pour recevoir ses ordres: le troisieme
message etait pour l'avertir que le roi de France etait lui-meme a
terre; mais ils n'en recurent aucune reponse. La raison etait que, dans
cet intervalle, le bruit se repandit qu'il etait mort; cependant cette
nouvelle etait fausse.
_Prise de la ville de Damiette_.
Apres cette victoire, le roi etablit son camp sur le bord de la mer. Le
lendemain il fit debarquer tous les chevaux et toutes les machines, sans
que les Sarrasins parussent davantage. Pendant que l'on etait occupe de
ce travail, l'on vit Damiette tout en feu. Un moment apres, quelques
esclaves chretiens en sortirent, et vinrent avertir le monarque que les
ennemis, sur le bruit de la mort de leur soudan, avaient abandonne la
ville, et l'avaient livree aux flammes. Le roi, ayant recu cet avis,
et s'en etant fait assurer par ceux qu'il y envoya, fit avancer ses
troupes. On trouva le pont sur lequel il fallait passer pour entrer dans
la place, rompu en partie. Il fut bientot repare; on eteignit le feu, et
le roi se vit maitre sans coup ferir, et contre toute esperance, d'une
des plus fortes villes de l'Orient, le premier dimanche d'
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